Lever le voile sur les différences entre les sexes quant à la chirurgie valvulaire mitrale

23 février 2015

Une étude des différences entre les sexes quant à la chirurgie valvulaire mitrale attire l’attention de collègues, car elle jette une lumière sur un aspect de la chirurgie valvulaire qui n’a pas été bien étudié jusqu’à ce jour.

« La documentation médicale nous dit que les femmes sont généralement orientées vers des tests diagnostiques et, par conséquent, vers la chirurgie, plus tard que les hommes, en partie parce qu’elles présentent des symptômes atypiques », déclare le Dr Vincent Chan , chirurgien cardiaque à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. « Nous ne savons pas si c’est aussi le cas avec la chirurgie valvulaire. »

La chirurgie valvulaire mitrale vise à corriger la régurgitation de la valvule mitrale, qui survient lorsque la valve ne se referme pas suffisamment bien. Le sang reflue dans le cœur et ne peut pas circuler aussi efficacement dans l’organisme comme à la normale. Il peut en résulter de la fatigue et un essoufflement.

Grâce à l’étude réalisée par le Dr Chan, nous en savons maintenant un peu plus sur les différences entre les sexes quant à ce type de chirurgie. Nous savons, par exemple, que les femmes présentent une maladie plus avancée dans leurs valvules mitrales que les hommes lorsqu’elles sont orientées pour une chirurgie, présentant un prolapsus plus important (désalignement) des feuillets de la valvule mitrale et une plus grande calcification à l’entrée de la valvule. Les femmes subissent également un remplacement valvulaire, plutôt qu’une réparation, plus souvent que les hommes, probablement à cause de leur maladie plus avancée.

Nous savons aussi maintenant que cette maladie plus avancée n’a pas d’impact sur la survie – les femmes et les hommes ont des taux de survie similaires, soit près de 90 %, cinq ans après la chirurgie. Toutefois, les femmes présentent plus souvent que les hommes une régurgitation mitrale récurrente après la chirurgie. L’étude a révélé que 16 % des femmes présentaient une récidive de régurgitation mitrale, comparativement à 15 % des hommes.

« C’est une petite différence », explique le Dr Chan, « mais elle est statistiquement significative. »

Il ajoute que puisque l’expérience de régurgitation mitrale était le paramètre d’évaluation clinique de l’étude, l’impact à long terme d’une plus grande récidive de régurgitation mitrale n’est pas encore apparent.

Le Dr Chan a présenté son étude lors du Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire en octobre 2014, et plus récemment, on lui a demandé de présenter ses résultats à la réunion annuelle de la Society of Thoracic Surgeons (STS), qui a eu lieu en janvier. Lors de cet événement international, sa présentation a été choisie comme étant l’une des trois meilleures présentations.

Le grand nombre de chirurgies valvulaires mitrales réalisées à l’Institut de cardiologie a permis au Dr Chan de mener son étude entièrement à l’Institut de cardiologie. Le nombre annuel moyen de ces interventions chirurgicales réalisées dans des centres aux États-Unis n’est que de 5 comparativement à 57 à l’Institut de cardiologie. L’étude incluait 743 chirurgies réalisées entre 2001 et 2014.

Toutes ces chirurgies ont été réalisées par le Dr Chan ou le Dr Thierry Mesana, maintenant président‑directeur général de l’Institut de cardiologie et l’un des plus éminents chirurgiens du monde entier dans le domaine de la chirurgie valvulaire mitrale. Une base de données mise sur pied par le Dr Mesana pour suivre ces patients – la seule base de données dédiée entièrement à la chirurgie valvulaire mitrale – a permis au Dr Chan de suivre ces patients et d’évaluer leur santé cardiaque à long terme. La période de suivi moyenne était près de 3 ans, le plus long suivi ayant été de 11 ans. La base de données a fourni l’accès à tous les soins et les tests, y compris les dossiers des échocardiogrammes subséquents, effectués pour examiner la fonction valvulaire.

« La reconstruction valvulaire mitrale complexe présente d’uniques paramètres », affirme le Dr Chan. « Ces données nous donnent des perspectives uniques. »