Il y a cinq ans, l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) inaugurait dans la capitale nationale le programme d’exercices « Corps à cœur » à la fois pour aider les personnes atteintes d’une maladie du cœur et pour prévenir l’apparition de la maladie. Depuis, le programme a élargi son mandat pour aussi prévenir ou limiter les problèmes qui se posent aux personnes souffrant d’une maladie chronique – en particulier un accident vasculaire cérébral et le diabète. Il a également étendu sa couverture géographique, et son expansion dans la région du Grand Toronto en septembre a porté à 235 le nombre de programmes d’exercices « Corps à cœur » offerts à plus de 12 500 Ontariens et Ontariennes.
L’idée derrière le programme d’exercices « Corps à cœur » est d’aider toute personne qui a reçu un diagnostic de maladie du cœur ou d’une autre maladie chronique à intégrer à sa vie un programme d’exercices régulier, explique Jennifer Harris, gestionnaire régionale des programmes d’approche pour la prévention des maladies cardiovasculaires et la réadaptation à l’Institut de cardiologie. Le programme a vu le jour à Ottawa en 2007 pour rapidement s’étendre au reste de l’Est ontarien, où l’on retrouve une prévalence élevée de maladie du cœur.
« Le programme d’exercices “Corps à cœur” ne vise pas à remplacer les programmes de réadaptation, mais plutôt à les compléter et à mettre les gens en relation avec des partenaires de remise en forme permanents, dit-elle. C’est aussi un programme qui met l’accent sur la prévention et auquel peut participer toute personne qui désire rester en santé. »
Organisées par des centres communautaires partenaires et des centres de conditionnement physique privés, les séances d’exercice « Corps à cœur » sont approuvées par l’Institut de cardiologie et jugées sécuritaires et adaptées aux besoins des personnes atteintes d’une maladie du cœur et d’autres maladies chroniques.
L’expansion dans la région du Grand Toronto en septembre a porté à 235 le nombre de programmes d’exercices « Corps à cœur » offerts à plus de 12 500 Ontariens et Ontariennes.
« Les patients qui terminent leur réadaptation cardiaque reçoivent une “prescription d’exercices” de leur physiothérapeute, explique Mme Harris. Cependant, certaines personnes sont intimidées à l’idée de se retrouver dans un centre de conditionnement ordinaire où elles ne se voient pas avec les autres, légèrement vêtues et assises au sol pour faire des redressements assis. Nous nous sommes rendu compte qu’il fallait trouver une façon de leur faire savoir quels cours de conditionnement physique étaient disponibles et adaptés pour elles. » Les programmes d’exercices sains pour le cœur, offerts par les partenaires « Corps à cœur », sont identifiés avec le logo et le symbole « Corps à cœur ».
L’Institut de cardiologie offre aux instructeurs de conditionnement physique un atelier d’une journée; on leur fournit des renseignements sur la maladie du cœur, l’accident vasculaire cérébral et le diabète, des lignes directrices en matière d’exercice pour les personnes qui sont atteintes de ces maladies et des conseils pour les intégrer aux séances de conditionnement physique. En retour, ces entraîneurs s’assurent d’enseigner aux parti-cipants les bonnes techniques d’échauffement et de récupération, et de leur expliquer comment surveiller leur état pendant l’exercice, explique Mme Harris. « Ils écoutent leur corps et ne cherchent pas à dépasser leurs capacités. » De plus, tous les sites « Corps à cœur » disposent d’un plan d’urgence, d’un accès téléphonique à un service ambulancier local et d’un défibrillateur externe automatique sur place.
Le programme « Corps à cœur » propose soit des exercices au sol, soit des exercices dans l’eau, et couvre toute la gamme d’exercices allant de la simple marche et des exercices sur chaise aux exercices aérobiques et musculaires plus avancés, mais tous légèrement modifiés pour respecter les critères de l’Institut de cardiologie.
« L’une des bonnes choses au sujet du programme, c’est que l’Institut de cardiologie a noué des relations avec la communauté pour trouver des endroits où les gens peuvent rester actifs après avoir terminé leurs 12 semaines de réadaptation », ajoute Anita Findlay, coordonnatrice du programme de conditionnement pour le Service des loisirs et de la culture de la Ville d’Ottawa.
Le Complexe récréatif Goulbourn de Stittsville, en banlieue d’Ottawa, où elle est aussi instructrice de conditionnement physique, offre deux séances d’exercice « Corps à cœur », au sol et à l’eau. Liberté 55 vise les personnes plus âgées et comprend des exercices de tonification musculaire, d’entraînement cardiovasculaire, de flexibilité et d’équilibre. Aqua Lite, à l’intention des retraités, des personnes arthritiques et de celles qui ont des problèmes de dos ou d’articulations, propose des exercices à faible impact axés sur l’entraînement cardiovasculaire, le renforcement et l’endurance.
Dans chacune des séances d’exercice, on retrouve des participants qui s’identifient comme ayant une maladie cardiovasculaire ou de l’hypertension. Cependant, au lieu de les prendre à part pendant une séance, l’instructeur rappelle à tous les participants de vérifier régulièrement leur pouls pour s’assurer qu’ils restent dans les limites de leur fréquence cardiaque cible.
« Les participants ont encore la responsabilité de surveiller leur condition en fonction de la prescription d’exercices qu’ils ont reçue de leur médecin ou physiothérapeute, mais nous leur rappelons régulièrement de ne pas en faire trop et de diminuer un peu la cadence s’ils sont essoufflés », explique Mme Findlay.
Elle note que motiver les gens à assister aux séances d’exercice ne semble pas poser problème. « Dans un cours que je donnais, j’ai remarqué qu’il manquait une personne; mais la semaine suivante, elle était de retour. Il s’est avéré que cette personne avait dû recevoir une endoprothèse coronarienne seulement 10 jours avant! »
Cet engagement pris par des centaines de personnes en Ontario ainsi que les partenariats entre l’Institut de cardiologie et les centres de conditionnement publics et privés sont le plus grand succès du programme à ce jour. En fait, dès le début, les partenariats ont été un aspect important du programme d’exercices « Corps à cœur »; c’est une subvention de la Fondation Trillium Ontario, créant un partenariat entre l’Institut de cardiologie, la Fondation canadienne de la santé cardiaque, l’Institut de réadaptation de Toronto, le YMCA du Grand Toronto, les Services médicaux d’urgence de Toronto et le réseau Mikey, qui a rendu possible la récente expansion à Toronto.
« Nous offrons une expertise clinique tandis que les spécialistes du conditionnement physique mettent leur expertise et leur passion au service des gens pour qu’ils fassent de l’exercice sans risque; et en fin de compte, la communauté en bénéficie vraiment », explique Mme Harris. Le plus grand défi consiste à mieux faire connaître le programme au sein de la communauté médicale.
Et d’ajouter Mme Findlay : « L’objectif est donc de faire connaître aux médecins de première ligne le mode de fonctionnement du programme d’exercices “Corps à cœur” et d’inciter leurs patients à rechercher le logo. »
Mme Harris a expliqué que la prochaine étape du programme d’exercices « Corps à cœur » était son expansion à l’échelle de la province, même s’il a déjà attiré l’attention de l’Agence de la santé publique du Canada, dont le mandat consiste entre autres à promouvoir l’activité physique. « Pour l’instant, le financement du programme “Corps à cœur” repose sur des subventions, et je pense qu’il est important de reconnaître l’engagement de l’Institut de cardiologie dans le développement et le soutien de programmes de prévention comme celui-ci. »
« En fin de compte, toute personne peut suivre des cours du programme d’exercices “Corps à cœur”, en particulier si elle se soucie de sa santé cardiaque ou qu’elle vient juste de commencer un programme d’exercices », conclut-elle.