La paroi interne de nos artères est tapissée d’une couche de cellules que l’on nomme « endothélium ». Le fonctionnement anormal de l’endothélium correspond à la phase initiale du développement de la maladie cardiovasculaire – principale cause des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux (AVC). À l’occasion du Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire qui s’est déroulé à Vancouver, des médecins de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) et de la Clinique Mayo ont présenté les résultats d’une étude qui montre qu’à long terme, la prise de poids génère une dysfonction endothéliale, et ce, indépendamment des autres facteurs de risque de maladie du cœur.
« De nombreuses modifications métaboliques associées à la prise de poids favorisent un dysfonctionnement des artères et, au final, la survenue d’une crise cardiaque ou d’un AVC », explique la Dre Thais Coutinho , cardiologue à l’ICUO et auteure principale du résumé de l’étude.
Les artères ne sont pas que de simples tubes qui permettent d’acheminer le sang dans toutes les parties du corps. Elles se dilatent et se contractent pour agir sur le débit sanguin, elles jouent un rôle dans la coagulation et la formation de caillots, et elles participent à la réponse immunitaire. La dysfonction endothéliale se manifeste par des signes d’inflammation chronique et par une capacité réduite des artères à se dilater. Lorsque ce processus est enclenché, il peut se passer des années avant que la plaque d’athérome se forme sur la paroi des artères et que ces dernières finissent par s’obstruer.
Dans cette étude, les chercheurs ont suivi 521 hommes et femmes sans antécédent de crise cardiaque ou d’AVC. Ils ont mesuré le poids, le tour de taille et le pourcentage de gras corporel de chaque participant au début de l’étude, puis 8 ans et demi plus tard. La fonction endothéliale de tous les sujets a en outre été mesurée à l’aide d’une technique non effractive, l’échographie de l’artère brachiale. Il est à noter que les chercheurs ont tenu compte des facteurs individuels pouvant influer sur les résultats, y compris l’âge, le sexe, la consommation de tabac et la prise de médicaments contre l’hypercholestérolémie ou l’hypertension.
L’augmentation du poids, du tour de taille et du pourcentage de gras corporel a été associée à l’apparition et à l’aggravation de la dysfonction endothéliale. Les participants dont la prise de poids était supérieure à 10 kg ont présenté au fil du temps les dysfonctions les plus importantes. Chez les sujets dont le poids n’avait pas varié ou peu augmenté, la fonction endothéliale s’est en fait améliorée avec le temps. Ces effets liés à la prise de poids n’ont pas varié en fonction des autres facteurs de risque de cardiopathie.
« Des études que nous avons menées précédemment, et qui ont porté sur des patients qui présentaient une coronaropathie ou une obstruction artérielle avérée, ont montré que l’obésité abdominale est associée à une mortalité supérieure, note la Dre Coutinho. Nous découvrons à présent que même en l’absence d’une affection vasculaire avérée, la prise de poids peut avoir des conséquences néfastes. Une fois enclenché, le mécanisme athérosclérotique est très difficile à stopper. Par conséquent, il est capital de prévenir l’atteinte artérielle le plus tôt possible. Notre étude souligne l’importance d’adopter un mode de vie sain et de maintenir un poids santé pour prévenir les anomalies à l’origine des maladies des artères. »