Point de mire sur l’insuffisance cardiaque : le télémonitorage à domicile aide les patients à prendre soin d’eux

8 juin 2015
Connecté à l’Institut de cardiologie de la maison : Les patients atteints d’insuffisance cardiaque qui font partie du programme de télémonitorage à domicile utilisent un simple ensemble sans fil pour mesurer et transmettre aux infirmières de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa des indicateurs clés sur leur santé. L’ensemble de dispositifs comprend un tensiomètre, un pèse-personne et un oxymètre de pouls (optionnel), tous connectés par l’intermédiaire d’une tablette.

Les patients hospitalisés en raison d’une insuffisance cardiaque subissent toute une batterie d’examens et de traitements pour évaluer et stabiliser leur état de santé. Toutefois, quand ils reçoivent leur congé, la responsabilité de leur santé future se retrouve en grande partie entre leurs mains. S’ils ne prennent pas leurs médicaments comme ils sont prescrits ou ne suivent pas les recommandations sur l’alimentation et l’hydratation (une alimentation salée peut rapidement entraîner une rétention hydrique et aggraver l’état d’un cœur malade), ils peuvent se retrouver directement à l’urgence. C’est déconcertant pour les patients et les familles, mais en plus c’est très coûteux pour le système de santé quand on sait qu’une réadmission en raison d’une insuffisance cardiaque peut coûter jusqu’à 20 000 $ pour un séjour de quelques jours à l’hôpital.

Depuis 2005, le programme de télémonitorage à domicile de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa a aidé plus de 2 000 de ces patients à gérer leur santé en leur fournissant une série d’outils de soins à domicile et la supervision à distance d’infirmières de l’Institut de cardiologie pour détecter les petits écarts de soins avant qu’ils ne se transforment en gros problèmes. Dans ce cadre, les réadmissions des participants ont été réduites de plus de moitié.

« Il s’agit d’une intervention intensive et active », explique Christine Struthers, infirmière en pratique avancée pour les services de télésanté cardiaque, qui dirige le programme depuis ses débuts. Les patients à risque sont identifiés avant leur congé et inscrits au programme. Avant de quitter l’Institut de cardiologie, chaque patient participant reçoit un pèse-personne électronique, un tensiomètre automatisé, dans certains cas un ECG de poche, et un dispositif de surveillance à domicile qui transmet des données à l’Institut de cardiologie, en plus d’être formé pour bien utiliser chacun de ces dispositifs.

Une fois rentrés à la maison, les patients utilisent l’équipement une fois par jour, comme on leur a enseigné, pour transmettre leurs signes vitaux et leur poids à l’Institut de cardiologie. Une infirmière spécialisée en soins cardiaques analyse les données quotidiennement et alerte un médecin de l’Institut de cardiologie si le seuil sécuritaire de l’un des paramètres est dépassé. De plus, l’infirmière prend immédiatement contact avec le patient pour voir s’il y a un problème et recommander des changements dans sa routine de soins, incluant la médication et la nutrition.

Les médecins de soins primaires et les familles sont tenus informés de tout changement apporté à la médication. Les patients participent au programme durant un à trois mois après leur congé, selon la gravité de leur maladie.

L’Institut de cardiologie considère que l’enseignement aux patients est un élément vital des soins de l’insuffisance cardiaque (voir « Utiliser les bons outils pour traiter l’insuffisance cardiaque »), c’est pourquoi avant d’avoir leur congé tous les patients reçoivent des conseils approfondis sur les restrictions alimentaires, l’apport en liquide, l’activité physique, le poids, la tension artérielle et les médicaments. Mais, il y a une différence entre écouter les conseils d’un professionnel de la santé et les appliquer dans la vie réelle, explique Mme Struthers.
« La surveillance à domicile rend bien réel le concept d’autogestion des soins, souvent abstrait, dit-elle. Même si on leur a expliqué à l’hôpital qu’ils ne doivent pas manger de sel, c’est une tout autre histoire quand il faut l’adapter à sa situation familiale et à son mode de vie. Les patients nous disent des choses comme : “Eh bien, on m’a dit que je ne pouvais pas manger de mets chinois, mais je n’avais pas réalisé que la conséquence directe était que je pouvais prendre jusqu’à 3 kilos en un ou deux jours” ». Ils comprennent les conséquences de leurs choix alimentaires dans le cadre de leur vie quotidienne.

En raison de son succès, le programme de télémonitorage à domicile dirigé par des infirmières a connu une forte croissance. Grâce à une initiative appelée « soins dévoués en cardiologie », la plupart des hôpitaux de la région de Champlain ont maintenant leurs propres programmes de télémonitorage. Ces hôpitaux communautaires apprennent à leurs patients à utiliser l’équipement et à transmettre leurs données, tandis que l’Institut de cardiologie agit comme centre de collecte de données et communique ses renseignements aux médecins de la communauté.

Dernièrement, grâce à une initiative de financement de l’Association des anciens patients, l’Institut de cardiologie a fait l’achat de tablettes qui fonctionnent avec des dispositifs sans fils afin d’en faire la prochaine génération d’équipement pour le programme. Avec ces tablettes, il ne sera bientôt plus nécessaire de connecter les câbles des dispositifs au moniteur, et les personnes qui n’ont plus de lignes terrestres pourront participer au programme.

Selon Mme Struthers, les commentaires des patients demeurent extrêmement positifs alors que le programme arrive au terme de sa première décennie d’activité. « Les patients gardent leur lien avec l’Institut de cardiologie après leur congé, peu importe où ils vivent. Ils nous disent qu’ils adorent ce lien, dit Mme Struthers. Ils aiment l’idée de pouvoir parler en tout temps à une infirmière et se sentent en sécurité à la maison. C’est ce que nous entendons constamment. »