Le plus souvent, l’hypertension n’a pas de cause facilement identifiable, mais ses effets sont bien connus. L’hypertension est notamment associée à un risque accru d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque et d’insuffisance cardiaque. Si l’utilisation de médicaments antihypertenseurs fait consensus au sein du corps médical, les cibles tensionnelles ne sont pas encore clairement définies.
La plupart des associations de médecins, notamment l’AHA (American Heart Association), recommandent le maintien de la tension artérielle systolique sous la barre des 140 mm Hg. Mais les résultats d’une vaste étude randomisée intitulée « Systolic Blood Pressure Intervention Trial » (SPRINT) montrent qu’en présence d’un risque élevé de maladies cardiovasculaires, le fait d’abaisser la tension artérielle systolique sous les 120 mm Hg permet de sauver des vies, et ce, avec des effets indésirables maîtrisables.
Les résultats de l’étude SPRINT ont été dévoilés au Congrès de l’AHA 2015 et publiés simultanément dans la revue New England Journal of Medicine. L’étude portait sur plus de 9 000 volontaires, dont la moitié a reçu un traitement standard (cible tensionnelle inférieure à 140 mm Hg) et l’autre moitié, un traitement intensif (cible tensionnelle inférieure à 120 mm Hg). Les schémas thérapeutiques personnalisés reposaient sur l’emploi de médicaments largement prescrits : principalement des diurétiques, des inhibiteurs de l’ECA, des inhibiteurs calciques et des antagonistes des récepteurs de l’angiotensine, ainsi que d’autres médicaments permettant d’atteindre les cibles tensionnelles, au besoin.
Les participants étaient tous des patients hypertendus âgés d’au moins 50 ans qui présentaient au moins un autre facteur de risque de maladie du cœur, comme un âge avancé (75 ans ou plus), une néphropathie chronique ou des antécédents de maladie cardiovasculaire. La population de l’étude était diversifiée; elle comptait environ 36 p. cent de femmes, 30 p. cent d’Afro-Américains et 11 p. cent d’Hispano-Américains. Les personnes diabétiques et celles ayant subi un accident vasculaire cérébral ou atteintes de néphropathie avancée n’étaient pas admissibles à l’étude.
L’étude SPRINT, qui devait durer cinq ans, a été interrompue au bout d’à peine trois ans et demi en raison des bienfaits considérables observés chez les patients ayant reçu un traitement intensif; les chercheurs ont en effet observé une diminution de 43 p. cent du risque de décès attribuable à une maladie cardiovasculaire et de 27 p. cent de la mortalité globale comparativement au groupe de traitement standard, et ce, dans tous les sous‑groupes, y compris chez les patients plus âgés.
« Ce qui est extraordinaire à mon avis, c’est que la prise d’un seul médicament de plus explique un clivage aussi net », note le Dr Paul Whelton, président du comité directeur de l’étude SPRINT. Les patients soumis au traitement intensif recevaient en moyenne 2,8 médicaments antihypertenseurs, contre 1,8 pour les patients du groupe de traitement standard.
Les bienfaits observés dans le groupe de traitement intensif ont toutefois été associés à une augmentation des effets indésirables. On a observé davantage de signes de lésions rénales et un risque accru d’épisodes d’hypotension et d’évanouissements; aucune chute ayant occasionné des blessures n’a toutefois été rapportée. Globalement, 4,7 p. cent des patients du groupe de traitement intensif et 2,5 p. cent des patients du groupe de traitement standard ont présenté des effets secondaires graves. « Selon nos observations générales, les bienfaits d’un traitement intensif semblent de très loin supérieurs », souligne le Dr Whelton. Des données supplémentaires portant sur la fonction rénale et les capacités cognitives seront publiées en 2016.
Selon un article publié dans une revue concurrente, le Journal of the American College of Cardiology, 16,8 p. cent des adultes aux États-Unis répondraient aux critères d’admissibilité de l’étude SPRINT. La prochaine étape, d’une importance cruciale, sera de déterminer si les résultats de l’étude SPRINT peuvent être généralisés à d’autres groupes de patients, comme les personnes jeunes ou les diabétiques, conclut le Dr Dan Jones de l’Université du Mississippi et ancien président de l’AHA.