Une forme d’insuffisance cardiaque appelée « insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection préservée » (IC-FEP) devient de plus en plus courante, mais demeure malgré tout méconnue. Les femmes sont deux fois plus susceptibles de souffrir d’IC-FEP que les hommes, mais on en ignore encore les raisons. Et il n’existe à ce jour aucun traitement efficace.
En général, le durcissement de l’aorte (le plus gros vaisseau sanguin du corps) est plus important, et la pression dans les vaisseaux sanguins quand le cœur bat (pression artérielle pulsatile), plus élevée, chez les femmes âgées que chez les hommes. Des recherches ont montré que ces facteurs étaient liés à la gravité du syndrome d’IC-FEP.
On a aussi observé des anomalies dans les petits vaisseaux sanguins qui alimentent le cœur (les microvaisseaux coronaires) chez les patients atteints d’IC-FEP. Mais on ignore toujours si les changements dans la pression artérielle sont liés à ces anomalies et, le cas échéant, s’il existe des différences entre les femmes et les hommes.
Dans une étude qui lui a valu le prix 2015 décerné par la Société canadienne de cardiologie à un jeune chercheur en sciences cliniques, la cardiologue Thaïs Coutinho et ses collègues de l’Institut de cardiologie ont examiné près de 300 personnes (âge moyen de 61 ans) qui étaient envoyées à l’Institut pour y subir une tomographie par émission de positons (TEP). Ces personnes n’avaient aucun antécédent de maladie coronarienne ni signe d’insuffisance cardiaque ou de maladie microvasculaire.
Conformément aux observations d’études antérieures, les artères des femmes étaient moins flexibles que celles des hommes. Chez les femmes, cela était associé de façon indépendante à de moins bons résultats du flux de réserve myocardique, une mesure de la fonction microvasculaire coronarienne. De plus, les chercheurs ont trouvé un lien entre la rigidité aortique et un flux de réserve myocardique plus faible chez les femmes, mais pas chez les hommes.
La Dre Coutinho a avancé que l’effet conjugué d’une grande rigidité et d’une moindre flexibilité de l’aorte pouvait endommager le réseau microvasculaire coronarien chez les femmes âgées et, conséquemment, prédisposer ces dernières à l’IC-FEP. « Bien que notre étude transversale ne permette pas de dégager de causalité ou de temporalité des liens que nous avons trouvés, elle fournit une base solide sur laquelle fonder nos futures recherches afin de détecter précocement et de prévenir l’IC‑FEP chez les femmes âgées », conclut-elle.
Récemment, la Dre Coutinho a fait les manchettes nationales pour une autre étude, menée cette fois avec des collègues de l’Institut Mayo, où elle a été formée. La recherche a permis de découvrir que le risque de décès est plus élevé chez les gens qui présentent un indice de masse corporelle (IMC) normal, mais un excès de graisse abdominale, que chez ceux qui ont un IMC élevé.