Le programme de réadaptation cardiaque a pour but de remettre les patients sur pieds après une crise cardiaque, une chirurgie cardiaque ou d’autres événements cardiaques. Et de sauver des vies. Si les patients en attente d’une chirurgie cardiaque non urgente pouvaient commencer à améliorer leur santé avant l’opération? Cela pourrait-il faciliter leur convalescence et améliorer les résultats après la chirurgie?
En décembre 2016, un programme de « préadaptation » a été lancé auprès de tous les patients de l’Institut de cardiologie en attente d’un pontage aortocoronarien, ou d’un remplacement ou réparation d’une valvule cardiaque.
« Dans le cadre du programme de préadaptation, on invite les patients qui sont en attente d’une chirurgie à ne pas s’abandonner à l’inactivité et à l’anxiété et à utiliser plutôt ce temps pour se préparer le mieux possible, a déclaré la vice-présidente et responsable des opérations cliniques de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, Heather Sherrard. Parfois, ils doivent cesser de fumer, ou apprendre à mieux gérer leur diabète. Ils peuvent encore devoir améliorer leurs habitudes alimentaires, ou faire plus d’activité physique. Le programme de préadaptation vise à aider les patients à travailler sur ces aspects de leur santé et à se mettre en meilleure forme possible avant l’opération. »
« Certains éléments de ce nouveau programme étaient déjà en place depuis un certain temps, explique la gestionnaire clinique du programme de réadaptation cardiaque de l’Institut de cardiologie, Jane Brownrigg. Lors de leurs rendez-vous au service de préadmission, les patients qui sont en attente d’une intervention d’un jour sont souvent, au besoin, dirigés vers un programme d’abandon du tabac, des services de physiothérapie ou encore vers un travailleur social. »
Dans le cadre du programme de préadaptation, ces évaluations et ces consultations sont faites automatiquement, et sont les plus exhaustives possible pour chaque patient en attente d’une chirurgie d’un jour. Les patients sont inscrits sur une liste d’attente. L’infirmière du programme communique ensuite avec eux pour parler de diverses questions, incluant la médication, le diabète, le tabagisme, l’alimentation, l’activité physique, la santé mentale et la gestion des symptômes.
« Les patients ont beaucoup d’idées préconçues sur ce qu’ils doivent faire avant une chirurgie, poursuit Mme Brownrigg. Certains patients nous disent que leur médecin leur a dit de relaxer. Ils pensent alors qu’ils doivent rester assis sur leur divan. Cela mène plutôt à une perte de forme physique et peut prolonger la période de convalescence. D’autres pensent qu’ils doivent suivre un régime, ajoute-t-elle. Cela peut provoquer une perte de masse musculaire, ce qu’on ne veut surtout pas voir avant une intervention chirurgicale. »
L’infirmière du programme de préadaptation se penche donc sur ces questions, en utilisant le modèle du programme de réadaptation cardiaque. La médication est optimisée pour chaque patient en fonction des lignes directrices cliniques. Tous les patients sont soumis à un examen de dépistage du diabète et sont dirigés vers le programme de cessation du tabac, si nécessaire. Ils reçoivent aussi, selon les besoins, des consultations auprès d’un diététiste, d’un travailleur social, d’un conseiller en réadaptation professionnelle, d’un psychologue ou d’un autre professionnel de la santé.
À la deuxième étape du processus, les participants au programme de préadaptation et les personnes qui les assisteront après leur chirurgie sont invités à participer à un atelier. Ils assistent alors à un certain nombre de démonstrations de compétences qu’ils doivent acquérir, de la surveillance de leur glycémie à la façon de bouger après une chirurgie. Les patients ont alors également la chance de poser des questions.
L’atelier aborde aussi les aspects logistiques : qui reconduira le patient à la maison après leur congé de l’hôpital? Comment adapter le logement temporairement pour faciliter la convalescence? Ainsi, les patients peuvent recevoir leur congé plus rapidement. « Personne ne veut rester à l’hôpital plus longtemps qu’il ne le faut », assure Mme Brownrigg.
Trois ateliers ont été offerts depuis le lancement du programme, en décembre. « Nous avons été agréablement surpris des résultats très positifs des évaluations de ces ateliers par nos patients », ajoute-t-elle.
Au fur et à mesure que les patients complètent le programme de préadaptation, des données seront colligées pour en faire l’évaluation. « Parvient-on à améliorer la santé et la qualité de vie de nos patients, à faciliter et accélérer leur convalescence après une chirurgie? Les taux d’infection et le contrôle de la glycémie sont-ils améliorés? C’est ce genre de facteurs cliniques que nous voulons observer », affirme Mme Brownrigg.
« D’un point de vue institutionnel, nous voulons également savoir si les patients inscrits au programme de préadaptation auront plus tendance à participer à notre programme de réadaptation, parce qu’ils ont déjà été orientés vers nos services. Notre programme jouit déjà d’un très haut niveau de participation en comparaison avec d’autres centres de santé au pays, mais il n’y a encore qu’un peu plus de la moitié des patients admissibles qui s’inscrivent. Nous aimerions augmenter encore ce taux de participation, car nous savons que notre programme de réadaptation réduit les taux de morbidité et de mortalité », conclut-elle.