Nous respirons chaque jour quelque 10 000 litres d’air, il n’est donc pas surprenant que la qualité de l’air ait des répercussions sur notre santé. Que ce soit dans les grands centres urbains ou en milieu rural, la pollution de l’air peut être présente.
En fait, les polluants atmosphériques – l’ozone troposphérique (de basse atmosphère), le dioxyde d’azote et surtout, les particules fines – peuvent entraîner des problèmes de santé graves, non seulement pulmonaires, mais aussi cardiaques, en particulier en cas de maladie cardiaque préexistante.
« [La pollution de l’air] peut déclencher des arythmies, un AVC, voire une insuffisance cardiaque », déclarait le Dr Alan Abelsohn, professeur adjoint au Département de médecine familiale et communautaire de l’Université de Toronto, à l’occasion d’une récente présentation sur le lien entre pollution de l’air et maladie du cœur à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO).
« Des données accumulées depuis plus de dix ans grâce à des études épidémiologiques et cliniques novatrices sur la pollution de l’air et son lien avec les maladies cardiovasculaires prouvent clairement que la pollution de l’air exacerbe les problèmes cardiaques préexistants, souligne le Dr Abelsohn. Même une augmentation modeste de la pollution de l’air a des effets mesurables, quoique légers, qui entraînent une hausse du nombre de visites dans les Services des urgences et d’hospitalisations. »
Par exemple, une étude portant sur le lien entre la qualité de l’air et le rythme cardiaque, menée à l’ICUO en 2014 auprès d’hommes auxquels on avait fourni un moniteur cardiaque portatif, a révélé une augmentation de sept pour cent des arythmies durant les jours où l’indice de pollution était élevé, comparativement aux journées où la qualité de l’air était meilleure.
Les effets néfastes de la pollution de l’air sur la santé cardiovasculaire s’observent couramment chez les personnes les plus vulnérables (enfants, personnes âgées, diabétiques ou atteintes d’une maladie pulmonaire ou d’une cardiopathie préexistante). Toutefois, il est maintenant démontré qu’ils participent également à l’apparition de nouveaux cas de maladie du cœur chez des personnes jusque-là en bonne santé.
Le Dr Abelsohn insiste sur le fait que les cardiologues et les médecins de soins primaires jouent un rôle crucial en matière de protection de la santé. Il leur suffit pour cela d’expliquer à leurs patients les effets de la pollution de l’air sur la santé cardiaque et de leur conseiller de consulter régulièrement la Cote air santé (CAS), un indice qui mesure la qualité de l’air selon le degré de risque et présente des suggestions sur les façons de réduire l’exposition aux polluants, par exemple en modifiant ses activités en fonction de sa vulnérabilité.
« Même les gens qui sont relativement en forme et actifs physiquement ont intérêt à consulter cet indice avant de se lancer dans une activité ou des travaux à l’extérieur, insiste-t-il. Si les prévisions indiquent une baisse de la CAS au cours de la nuit, la prévention peut simplement consister à reporter son jogging du soir au lendemain matin. »