CCSC 2015 : Améliorer les soins cardiaques pour les patients atteints de cancer

19 novembre 2015

Le cancer et la maladie du cœur sont les deux principales causes de décès au Canada. Étant donné que nous vivons plus vieux, nous sommes plus susceptibles de souffrir de l’une ou l’autre de ces maladies. Cependant, pour de nombreux patients atteints de cancer, les traitements augmentent de beaucoup la possibilité qu’ils aient à combattre les deux maladies.

De plus en plus de gens survivent au cancer, mais ils doivent faire face aux effets à long terme d’un cœur endommagé, selon l’oncologue Susan Dent, M.D. Cela est dû au fait que certains des médicaments les plus utilisés en chimiothérapie sont cardiotoxiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent provoquer des problèmes cardiaques, comme de l’arythmie, de l’insuffisance cardiaque, une crise cardiaque, de l’hypertension et des caillots sanguins.

Énoncé de position de la SCC

La Dre Dent, cofondatrice de la Clinique de cardiologie-oncologie de L’Hôpital d’Ottawa, a animé la séance présentant le premier énoncé de position de la Société canadienne de cardiologie (SCC) sur les complications cardiovasculaires des traitements anticancéreux (dont la publication est prévue pour décembre 2015).

L’énoncé de position vise l’optimisation des soins pour les patients atteints d’une maladie cardiovasculaire ou à risque de cardiotoxicité. Les cardiologues de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa Ellamae Stadnick, M.D., associée à la Clinique de cardiologie-oncologie, et Haissam Haddad, M.D., faisaient partie des examinateurs.

Le cancer et la maladie du cœur ont en commun plusieurs facteurs de risque importants, comme un fort tour de taille et un faible niveau d’activité physique. Le fait d’avoir des facteurs de risque cardiovasculaire augmente la probabilité de développer une maladie du cœur par suite d’un traitement anticancéreux.

Certains des médicaments les plus utilisés en chimiothérapie sont cardiotoxiques.

Il se met au point actuellement plus de médicaments contre le cancer que contre toute autre maladie. L’énoncé de la SCC présente les données de cardiotoxicité par type de médicament anticancéreux. Par exemple, une chimiothérapie à base d’anthracycline est associée à l’insuffisance cardiaque et à la dysfonction ventriculaire gauche. Au fur et à mesure que de nouveaux anticancéreux sont mis au point, les médecins doivent être informés de leurs effets sur le cœur, rappelle la Dre Dent.

Prévention et traitement de la cardiotoxicité

L’énoncé de la SCC recommande d’intégrer une évaluation cardiovasculaire aux soins courants avant, pendant et après un traitement contre le cancer; de plus, tous les patients qui reçoivent un traitement cardiotoxique doivent être considérés comme étant à risque élevé d’insuffisance cardiaque (stade A). Bien que les médicaments classiques utilisés pour prévenir et traiter la maladie du cœur puissent réduire le risque de cardiotoxicité, jusqu’à un tiers des patients atteints de cancer peuvent mal tolérer ces médicaments.

Les éventuelles interactions médicamenteuses et conséquences sur la santé des patients doivent faire l’objet d’une attention particulière. Par exemple, les anticoagulants peuvent poser problème en raison des nombreuses interventions et insertions de cathéter que doivent subir les patients atteints de cancer.

Pour les patients qui présentent un risque de cardiotoxicité, une bonne communication entre l’oncologue, le cardiologue et le médecin de famille est essentielle. Une approche d’équipe multidisciplinaire réunissant cardiologie, oncologie médicale, soins infirmiers, travail social, réadaptation et pharmacologie améliore l’issue cardiaque pour les patients atteints de cancer.

Déceler la cardiotoxicité

La deuxième cause de décès pour les patientes atteintes du cancer du sein est la cardiotoxicité de la chimiothérapie à l’anthracycline. Trouver des façons de déceler la cardiotoxicité plus tôt peut sauver des vies. Kevin Boczar, M.D., résident à l’Université d’Ottawa, a travaillé étroitement avec le groupe d’imagerie de l’Institut de cardiologie afin d’évaluer le potentiel de la fonction ventriculaire droite (VD) comme marqueur précoce de cardiotoxicité. Son travail lui a valu la bourse de la Société canadienne d’échocardiographie pour le meilleur résumé présenté par un chercheur boursier ou un résident en cardiologie.

À l’heure actuelle, la fonction du ventricule gauche (VG) du cœur constitue la mesure commune d’atteinte cardiaque attribuable à un traitement anticancéreux. L’étude du Dr Boczar a montré que la chimiothérapie à l’anthracycline affaiblit bel et bien la fonction ventriculaire droite chez les patientes atteintes du cancer du sein et qu’il est donc justifié de procéder à une étude et à une évaluation plus approfondies.