C’était par une froide soirée de novembre 2008. Le silence glacial n’était interrompu que par le sifflement du vent qui secouait les branches dénudées des arbres, hachurant le ciel nocturne. Dans l’unité de tomodensitométrie de l’Institut de cardiologie d’Ottawa, quelques individus s’affairaient, transis d’anticipation, sachant inconsciemment que cette soirée resterait à jamais gravée dans leur mémoire.
Un homme et une femme placèrent le sujet sur la table d’imagerie avec le plus grand soin, car il s’agissait d’une patiente très particulière. Sous une série de bandelettes brunies par le temps, son cœur demeurait immobile au sein de sa poitrine, assoupi depuis 2 500 ans…
Elle s’appelait Hetep-Bastet et c’était… une momie égyptienne. L’expérience dont elle faisait l’objet était le fruit d’une collaboration entre le Musée canadien des civilisations, l’Université du Québec à Montréal et l’Université Western. À l’aide de techniques d'imagerie non effractives, les chercheurs souhaitent étudier diverses momies afin d’en savoir plus sur la vie des habitants de l’Égypte antique.
La momie de Hetep-Bastet faisait partie d’une exposition d’envergure du Musée canadien des civilisations, intitulée Tombes éternelles : l’Égypte ancienne et l’au-delà. Le tomodensitomètre de l’Institut de cardiologie constituait l’outil tout indiqué pour révéler ce qui se trouvait sous les bandelettes de cette momie; l’occasion était trop belle pour la refuser.
À l’époque, le Journal de l’Association médicale canadienne a écrit un article sur l’étude de cette momie par tomodensitométrie. Les images obtenues ont ensuite permis de procéder à une reconstruction faciale de Hetep-Bastet.
On ignore si certains participants ont ensuite été frappés d’une malédiction, mais aux dernières nouvelles, notre photographe et notre technicien en tomodensitométrie se portaient bien.
Notre série des Retours en arrière pour le 40e anniversaire se poursuivra toute l’année.