De façon générale, les Canadiens considérés à risque de subir une crise cardiaque savent qu’ils doivent améliorer leur santé physique. Mais pas tous. Selon une étude récente menée auprès de résidents de six provinces canadiennes, près d’une personne sur cinq présentant le risque le plus élevé de problème cardiaque ne ressent pas le besoin d’améliorer sa santé.
« Avant de vraiment se mettre en action, il faut reconnaître le besoin de faire quelque chose pour sa santé, a déclaré F. Daniel Ramirez, M.D., résident en cardiologie à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa et auteur principal d’une étude publiée dans le Journal of the American Heart Association. Une importante partie de la population présente des risques connus de la maladie du cœur qui peuvent être amenuisés, mais plusieurs ne reconnaissent malheureusement même pas le besoin de changer quoi que ce soit à leurs habitudes de vie. On a été surpris par les chiffres. »
Dans le cadre de leur étude, le Dr Ramirez et ses collègues ont passé au peigne fin les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes menée entre 2011 et 2012. Il s’agit d’une enquête transversale qui a été menée auprès de 45 000 Canadiens de 12 ans ou plus.
Cette enquête récoltait des données sur huit facteurs de risque majeurs et potentiellement modifiables de la crise cardiaque : le tabagisme, l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité, la faible consommation de fruits et légumes, la consommation d’alcool et le faible niveau d’activité physique. Les participants devaient également indiquer s’ils percevaient un besoin d’améliorer leur santé physique et indiquer quelles étaient les barrières à adopter des habitudes de vie différentes.
Les participants présentaient en moyenne deux facteurs de risque modifiables de crise cardiaque. Près des trois quarts déclaraient ressentir la nécessité de changer leurs habitudes de santé. Tendance générale : les patients qui présentaient plus de facteurs de risque étaient plus susceptibles de percevoir un besoin de changer leurs habitudes. Toutefois, 20 % des participants qui présentaient au moins cinq facteurs de risque considéraient leur état de santé satisfaisant.
De plus, certains facteurs de risque entraînaient plus d’inquiétudes que d’autres – pas forcément en concordance avec leur importance, selon le Dr Ramirez. Le tabagisme, l’obésité et le faible niveau d’activité physique étaient fortement associés à un besoin de changer d’habitudes de vie, contrairement à l’hypertension artérielle et le diabète, même s’ils font grimper de façon importante le risque de subir une crise cardiaque.
L’enquête n’a pas récolté d’information sur la médication prise par les participants pour ces problèmes de santé. « Les patients qui font de l’hypertension artérielle ou du diabète suivent souvent un traitement, explique le Dr Ramirez. Il est donc fort possible que les personnes qui prenaient des médicaments sentaient que la médication suffisait à contrôler ces problèmes de santé. »
« Il est important de souligner que même si la maladie est contrôlée, elle constitue toujours un facteur de risque des maladies du cœur, particulièrement dans le cas du diabète. Ces personnes doivent tout de même faire attention à tous les aspects de leur santé », ajoute-t-il.
La nature des obstacles au changement les plus souvent cités a également surpris les chercheurs. « Nous pensions que l’environnement ou les ressources étaient pour être les principaux obstacles. Or, il s’avère que les principaux obstacles sont des facteurs individuels », affirme le Dr Ramirez. Ce qui empêche le plus souvent les gens d’apporter des changements à leurs habitudes de vie? Un manque de volonté et d’autodiscipline, les horaires de travail et les responsabilités familiales. « Les gens ont de la difficulté à se motiver ou leur quotidien est trop chargé pour leur permettre d’apporter les changements nécessaires », explique-t-il.
« Il n’existe que très peu de données sur les façons les plus efficaces d’inciter un patient à changer son comportement, a ajouté le Dr Ramirez. Je pense que nous, les médecins, tenons pour acquis que si nous leur répétons suffisamment que fumer est nocif, ou qu’ils sont à risque de crise cardiaque parce qu’ils ne s’alimentent pas assez bien ou sont trop obèses, ça suffira à les inciter à changer leurs habitudes. Ces données nous montrent, je pense, que ça ne fonctionne pas comme ça. »
Le Dr Ramirez espère voir des études portant sur les méthodes les plus efficaces pour inciter les patients à comprendre qu’ils doivent apporter des changements à leurs habitudes de vie. « Nous aimerions savoir quelles approches ou stratégies sont les plus efficaces pour inciter les patients, et obtenir des conseils pour que les médecins soient plus persuasifs, conclut-il. La prévention des maladies du cœur est une stratégie à long terme beaucoup plus efficace que de les combattre après leur apparition. »
Pour en apprendre davantage
- Comment réduire ses facteurs de risque pour la maladie du cœur