Prendre soin de celles et ceux qui prennent soin de nous : des interventions adaptées au personnel infirmier sont nécessaires

9 avril 2018
Une nouvelle étude vient de nous apprendre que le personnel infirmier serait en déficit d’activité physique, ce qui expliquerait pourquoi plusieurs affichent un état de santé cardiométabolique peu enviable.

Le personnel infirmier forme le plus important groupe professionnel de la main-d’œuvre du secteur de la santé au Canada et la nature de son travail est perçue comme étant physiquement et mentalement exigeante. Dans l’Enquête nationale sur le travail et la santé du personnel infirmier de 2005, nous apprenions qu’une proportion alarmante du personnel infirmier canadien déclarait être en surpoids ou obèse, faire de l’hypertension artérielle, être fumeur, faire de l’hypercholestérolémie, être dépressif ou diabétique. Il s’agit là de facteurs de risque modifiables de la maladie du cœur. Or, une nouvelle étude vient de nous apprendre que le personnel infirmier serait en déficit d’activité physique, ce qui expliquerait pourquoi plusieurs affichent un état de santé cardiométabolique peu enviable.

L’étude sur le personnel infirmier de Champlain financée par Excellence en recherche cardiovasculaire de pointe dans la région d’Ottawa (ORACLE) et par une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada, a évalué, en se basant sur les résultats de l’Enquête nationale, l’influence de l’environnement de travail (heures, quarts de travail, statut d’employé, emplacement, perception de l’activité physique dans le milieu de travail) sur le niveau d’activité physique et sur la santé cardiovasculaire du personnel infirmier d’hôpitaux en milieu rural et urbain de la région de Champlain, en Ontario. Un total de 410 membres du personnel infirmier de 14 hôpitaux ont participé à l’étude.

« Nous savons que la maladie du cœur est la principale cause de mortalité des femmes canadiennes âgées de plus de 55 ans. Et nous savons que la majorité du personnel infirmier, ce sont des femmes. Il faut que l’on trouve des moyens de s’assurer qu’elles soient en santé. On doit prendre soin de celles et ceux qui prennent soin de nous. »

- Dr Thierry Mesana, président-directeur général, Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa

Jennifer Reed
Jennifer Reed est chercheuse et directrice du Laboratoire de physiologie de l’exercice et de santé cardiovasculaire de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. Elle est la chercheuse principale de l’étude sur le personnel infirmier de la région de Champlain.

Les résultats de l’étude ont montré que soixante-dix-sept pour cent (77 %) du personnel infirmier demeure sous les niveaux d’activité physique recommandés, malgré qu’il dépasse ce niveau si l’on tient compte du niveau d’activité physique continu (sans période d’activité physique intense). Le personnel infirmier fait souvent des quarts rotatifs, associés à un risque accru de maladie coronarienne. Les quarts rotatifs, les quarts de douze heures et le fait de travailler à temps plein ou à temps partiel pourraient être des facteurs empêchant le personnel infirmier d’atteindre les niveaux recommandés d’activité physique.

« D’autres recherches doivent être menées pour explorer les facteurs personnels, socioenvironnementaux ou liés au milieu physique qui peuvent avoir un impact sur le niveau d’activité physique modéré à intense chez le personnel infirmier canadien pour nous permettre de développer des interventions adaptées pour rehausser le niveau d’activité physique de ces professionnels », déclare Jennifer Reed, directrice du Laboratoire de physiologie de l’exercice et de santé cardiovasculaire de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa et chercheuse principale de cette étude, qui n’est pas surprise de ces résultats.

Pour plus d’information :

Vidéo : Heather Sherrard, vice-présidente et responsable du personnel des Services cliniques de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, parle de l’étude sur le personnel infirmier de la région de Champlain à l’émission CTV Morning Live avec Henry Burris (en anglais).

Document : La publication de l’étude dans l’International Journal of Nursing Studies (en anglais)