Stimulateurs cardiaques sans fil : l’avenir des soins cardiovasculaires?

23 avril 2018
De la taille d'une capsule de vitamines ou d'une pièce de cinq sous américaine, les systèmes de stimulateurs cardiaques sans fil transcathéter sont près de vingt fois plus petits que les modèles traditionnels. Crédit photo : Medtronic.

Dans les cinquante dernières années, de nombreuses innovations ont amélioré l’efficacité des stimulateurs cardiaques transveineux portés par de nombreux patients partout dans le monde. Malgré les progrès, il reste certains risques associés à l’implantation d’un tel appareil. À long terme, les complications ne sont pas chose rare. Malgré leur récente apparition au Canada, les systèmes de stimulateurs cardiaques sans fil deviennent de plus en plus une option de rechange aux stimulateurs cardiaques traditionnels. Sans fil électrique rattaché au cœur pour fournir l’impulsion électrique, ces systèmes sans fil constituent une nouvelle option pour les patients atteints de bradycardie (lorsque le cœur bat trop lentement). Ces stimulateurs cardiaques sans fil sont-ils la voie de l’avenir?

« La réponse courte, c’est oui », affirme le Dr Calum Redpath, chercheur-clinicien et cardiologue à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, qui vient, en mars 2018, d’implanter son tout premier stimulateur cardiaque sans fil à l’un de ses patients. C’était la toute première fois que l’Institut de cardiologie réalisait cette procédure, et la seule à ce jour. Le Dr Redpath a implanté un stimulateur cardiaque sans fil MicraMC, par voie transcatheter, le plus récent et le plus petit stimulateur cardiaque au monde, conçu pour les patients qui nécessitent un stimulateur monochambre. Contrairement à la vaste majorité des stimulateurs cardiaques, qui sont implantés dans la poitrine du patient et qui sont rattachés au cœur par des fils, le système MicraMC est implanté directement dans le cœur. La Food and Drug Administration des États-Unis a approuvé son utilisation en 2016. Santé Canada l’a par la suite approuvé pour utilisation au Canada.

« Plutôt que de recourir à un fil pour transporter l’impulsion électrique de l’appareil au cœur, ce système utilise un grappin spécial pour s’accrocher au tissu du cœur. Il prend moins de place dans le corps du patient, ce qui réduit le risque d’infection ou d’autres complications graves. »

- Dr Calum Redpath, Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa

Le système MicraMC est aussi beaucoup plus petit – vingt fois plus petit que les stimulateurs cardiaques traditionnels. Sa pile peut fonctionner pendant 12 ou 13 années : deux fois plus longtemps que les stimulateurs cardiaques traditionnels. D’une taille semblable à une capsule de vitamines, il peut être implanté dans le cœur par voie transcathéter, par la veine fémorale. Il s’agit d’une procédure optimale pour les patients à risque de développer des infections, puisqu’elle évite de devoir faire une incision à la poitrine. Les avantages cosmétiques sont attirants, certes, mais le Dr Redpath demeure hésitant à recommander cette approche à tous ses patients. « Il en reste encore beaucoup trop à apprendre à ce sujet », affirme-t-il.

Les stimulateurs cardiaques transveineux traditionnels (avec fil) sont connus pour être exceptionnellement durables. C’est notamment pourquoi le Dr Redpath pense que ces systèmes sont encore privilégiés dans la pratique clinique. Toutefois, les fils eux-mêmes causent parfois des problèmes. « Un avantage majeur des systèmes sans fil, c’est de pouvoir éviter les complications liées au plomb », explique le Dr Redpath, ajoutant que les infections des tissus cardiaques causés par les stimulateurs cardiaques requièrent parfois des procédures risquées pour retirer et remplacer les fils et pour éliminer l’infection. Les patients à risque de développer des infections ou qui en ont déjà développé une dans le passé sont des candidats pour l’implantation d’un stimulateur sans fil, tout comme les patients qui ont déjà eu une opération à la poitrine et les femmes atteintes du cancer du sein.

« Il y a aussi des raisons médicales de ne pas utiliser d’appareil sans fil, renchérit le Dr Redpath. Nous possédons des décennies d’expérience en implantation de systèmes transveineux traditionnels. On ne trouve presque jamais de problèmes avec une technologie que nous avons utilisée chez des millions de patients au cours de plusieurs décennies. La technologie sans fil est apparue il y a environ trois ans. Il faut encore découvrir quels problèmes nous pourrions rencontrer avec ces appareils. »

En ce qui concerne l’avenir des stimulateurs cardiaques sans fil, le Dr Redpath est optimiste, mais demeure prudent. Technologiquement, ces appareils constituent un pas de géant, mais on devra d’abord développer des stimulateurs cardiaques sans fil double chambre et biventriculaires avant de pouvoir déterminer si, dans l’avenir, les stimulateurs traditionnels seront vraiment remplacés par des stimulateurs sans fil.