L’initiative novatrice de télémonitorage à domicile rejoint son 1 000e patient

18 février 2011

Le programme de télémonitorage à domicile de l’Institut de cardiologie franchit une étape marquante avec la participation de son 1 000e patient. Ce programme unique de gestion des soins en insuffisance cardiaque réduit considérablement les réadmissions à l’hôpital et permet d’éliminer des coûts de soins de santé inutiles.

L’insuffisance cardiaque fait référence à un ensemble d’états qui incluent la crise cardiaque, la fonction cardiaque altérée, l’hypertension et d’autres facteurs contributifs. Les patients atteints de cette maladie chronique doivent être traités toute leur vie sous étroite supervision médicale.

En raison de leur santé fragilisée, les patients atteints d’insuffisance cardiaque sont susceptibles de se rendre souvent à l’hôpital, en situation urgente ou non. Le système de santé reçoit déjà plus de demandes de ressources médicales pour des patients atteints d’insuffisance cardiaque congestive. Les taux de mortalité et de réadmission pour ce problème de santé sont élevés et ils ne feront qu’augmenter avec la population vieillissante.

Le télémonitorage à domicile permet à l’Institut de cardiologie d’intervenir par des mesures correctives avant qu’un petit problème ne se transforme en grave complication médicale. Les infirmières sont en mesure de réagir rapidement à tout un éventail de problèmes, qu’il s’agisse d’observance thérapeutique, de restrictions quotidiennes en sel et en liquides, de gestion des symptômes ou de prise de rendez-vous pour des analyses de laboratoire. Cette approche améliore la qualité de vie des patients atteints d’insuffisance cardiaque et permet de gérer efficacement les coûts de soins de santé.

Une étude en cours sur l’efficacité du programme montre que le télémonitorage à domicile a diminué de 54 p. 100 les réadmissions pour raison d’insuffisance cardiaque. On a aussi noté que le programme permettait d’épargner jusqu’à 20 000 $ pour chaque patient dispensé en toute sécurité d’une visite au service des urgences, d’une réadmission ou d’un séjour à l’hôpital.

L’Institut de cardiologie a lancé le programme avec 20 systèmes de monitorage, que les patients apportaient à la maison après leur congé. Aujourd’hui, 158 moniteurs sont disponibles pour être distribués dans presque chaque hôpital de la région.

« Ils sont connus officiellement comme systèmes de point de service, bien qu’on appelle cette technologie “télémonitorage à domicile”. Essentiellement, nous pouvons garder un œil quotidiennement sur les patients par voie électronique. Nous pouvons rester en contact avec ces patients, à qui l’on apprend à prendre et à rapporter leurs signes vitaux chaque jour », explique Christine Struthers, infirmière de pratique avancée pour l’insuffisance cardiaque et gestionnaire du programme. « Les patients participent à leurs propres soins, et nous leur apprenons comment avoir une certaine maîtrise sur leur bien-être. »

Chaque jour, les patients transmettent des données médicales, comme leur poids et leurs signes vitaux, à l’Institut de cardiologie où ils sont analysés par une équipe d’infirmières. Toute donnée qui révèle un problème potentiel ou un besoin de renseignements est signalée. Le patient est joint immédiatement par une infirmière spécialisée en cardiologie qui évalue la situation et recommande les changements nécessaires aux soins du patient, qu’il s’agisse de l’ajustement du dosage d’un médicament ou d’une nouvelle directive nutritionnelle. On communique au besoin avec les médecins et on les informe des progrès des patients.

La technologie de réponse vocale interactive (RVI) est le deuxième élément du programme de télémonitorage à domicile. La RVI est un système d’appel automatisé qui s’est révélé efficace dans le cadre du programme d’abandon du tabac de l’Institut de cardiologie pour garder un contact régulier avec les patients qui ont cessé de fumer. Le système est utilisé pour communiquer avec les patients en suivi postopératoire, atteints d’insuffisance cardiaque ou aux prises avec d’autres problèmes coronariens allant des douleurs thoraciques et à la crise cardiaque.

Pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque, la RVI entre en jeu quand le système de télémonitorage à domicile cède la place, habituellement après trois ou quatre mois. La RVI prend la relève pour communiquer avec les patients toutes les deux semaines pendant quelques mois.

L’utilisation de la réponse vocale interactive (RVI) pour joindre les patients à domicile par le biais d’appels automatisés permet de maintenir leur engagement à l’égard de leurs propres soins, de répondre à leurs questions et de signaler les problèmes éventuels lorsqu’ils ont quitté l’Institut de cardiologie.

Les patients répondent à une série de questions conçues avec soin au sujet de leur état de santé. Leurs réponses sont analysées et une infirmière assure un suivi personnalisé s’il y a signe de problème. Tout aussi important, la RVI aide à informer les patients au sujet de leur état de santé en leur fournissant de plus amples renseignements.

« Nous savons que l’observance au traitement de plusieurs patients tombe lorsqu’ils rentrent à la maison, et nous pouvons rectifier le problème rapidement, explique Mme Struthers. Ils arrêtent de prendre leurs médicaments pour plusieurs raisons – parce qu’ils ne renouvellent pas leur ordonnance une fois les médicaments terminés, parce que les médicaments reçus lors du congé diffèrent de la nouvelle ordonnance ou parce qu’ils ont des questions sur les effets secondaires pour lesquelles ils ne trouvent pas de réponses. »

Des chercheurs de l’Institut de cardiologie ont évalué le télémonitorage à domicile sous plusieurs angles. En 2007-2008, 121 patients atteints d’insuffisance cardiaque ont été suivis sur une période de 1 an. Les patients ont bénéficié du télémonitorage unique-ment durant la deuxième période de 6 mois. Les taux de réadmission durant cette période ont chuté de 54 p. 100 comparativement aux 6 premiers mois.

Une étude précédente menée en 2006 a montré qu’il n’y a eu aucune réadmission liée à l’insuffisance cardiaque congestive chez 78 patients suivis sur une période moyenne de 117 jours. Une autre enquête s’est penchée sur les patients francophones de l’Ontario, une population qui présente un risque accru de maladie du cœur. L’étude de 3 mois a suivi 47 patients qui ont reçu un total de 125 appels automatisés. De ce nombre, 58 demandes ont été transmises au système d’appel pour obtenir des renseignements additionnels sur les médicaments contre l’insuffisance cardiaque.

Le système a relevé un total de 7 « événements » ou « événements possibles » mettant en cause les effets indésirables des médicaments. Et on n’a rapporté aucune réadmission inutile à l’hôpital.

Il existe d’autres types de services de télémonitorage à domicile ailleurs au pays. Le programme de l’Institut de cardiologie se distingue en offrant une supervision quotidienne des soins infirmiers à distance à des gens qui souffrent de graves problèmes de santé nécessitant un suivi médical rigoureux. D’abord mis au point pour être utilisés dans la région, les services de télésanté cardiaque de l’Institut de cardiologie prennent maintenant en charge près de 1 200 patients de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve-et-Labrador, avec des sites satellites dans 13 hôpitaux de la région d’Ottawa.