Une « avancée sans précédent » pour réparer les cœurs endommagés par une crise cardiaque

12 novembre 2019
Une « avancée sans précédent » pour réparer les cœurs endommagés par une crise cardiaque
Des chercheurs mettent au point le premier gel à base de protéines humaines pour rétablir la fonction cardiaque

Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) ont mis au point le premier gel à base de protéines humaines pour réparer les lésions cardiaques causées par une crise cardiaque.

Conçu par le Groupe de recherche de solutions thérapeutiques et de bio-ingénierie (BEaTS) de l’ICUO, ce gel fait de collagène recombinant d’origine humaine est « une avancée sans précédent » vers l’objectif de réparer les lésions cardiaques causées par une crise cardiaque, et pourrait épargner des millions de dollars au système de santé.

« Ce matériau injectable est le premier au monde à être préparé à partir de collagène humain.

-  Emilio Alarcon, Ph.D., chercheur à l'Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa

« Ce matériau injectable est le premier au monde à être préparé à partir de collagène humain », explique Emilio Alarcon, Ph.D., chercheur à la Division de chirurgie cardiaque et professeur adjoint à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa.

Selon le chercheur et chef du projet Emilio Alarcon, Ph.D., l’équipe « n’en croyait pas ses yeux » en voyant les résultats de l’étude : « Les tests ont été faits et refaits, à double et même à triple insu, pour vérifier leur exactitude. » À elle seule, indique le chercheur, la compilation des résultats a pris plus de quatre mois.

Les chercheurs Emilio Alarcon et Erik Suuronen, Ph.D. sont les auteurs principaux d’un article récemment paru dans Nature Communications, prestigieuse revue en libre accès qui publie des recherches de haute qualité dans tous les domaines des sciences naturelles. L’article décrit les résultats des expériences in vivo effectuées avec le gel sur des souris. Des évaluations fonctionnelles, histologiques et moléculaires ont été réalisées après une série d’essais randomisés à l’aveugle.

Dans l’article, intitulé « Injectable human recombinant collagen matrices limit adverse remodeling and improve cardiac function after myocardial infarction », l’équipe du BEaTS explique comment l’injection du gel rHCI (collagène humain recombinant de type 1) dans les tissus cardiaques endommagés atténue l’épaississement de la paroi du cœur et la formation de tissu cicatriciel, et rétablit les propriétés mécaniques du muscle cardiaque endommagé. Fait important, le gel peut aussi limiter l’étendue des dommages et rétablir une partie de la fonction cardiaque qui a été perdue.

« Nous croyons que le gel rHCI en lui-même produit de meilleurs résultats que les thérapies cellulaires ou pharmacologiques actuellement disponibles, ce qui facilitera son utilisation future en milieu clinique, explique Emilio Alarcon. Ce gel a notamment pour effet d’augmenter le nombre de cellules musculaires cardiaques et de capillaires autour de la zone endommagée, et de favoriser le recrutement d’un nombre accru de cellules réparatrices à l’endroit de la lésion. »

L’équipe du BEaTS a bon espoir que son gel à base de collagène humain permettra un jour de rétablir la fonction cardiaque et de prévenir l’insuffisance cardiaque chez l’humain, ce qui demandera toutefois d’autres essais. « Cette étude est un premier pas vers la mise au point d’un biomatériau utilisable pour traiter des patients qui ont fait une crise cardiaque », poursuit Emilio Alarcon.

« Comme les personnes dont le cœur a été endommagé vivent maintenant plus longtemps, on voit aussi plus de cas d’insuffisance cardiaque. Un traitement capable de rétablir la fonction cardiaque et de prévenir l’insuffisance cardiaque aurait un impact immense sur la santé et les sociétés partout dans le monde », explique le Dr Marc Ruel, chef de la Division de chirurgie cardiaque de l’ICUO et un des auteurs de l’article publié dans Nature Communications. « Le traitement prometteur conçu ici même à Ottawa par l’équipe du BEaTS nous rapproche de cet objectif. »

L’ICUO, ajoute le Dr Ruel, prévoit de continuer à perfectionner ce traitement afin de pouvoir l’utiliser en salle d’opération au cours des prochaines années : « Pour un chirurgien et chercheur, utiliser la recherche en laboratoire pour mettre au point un traitement qui aide les patients atteints d’insuffisance cardiaque, c’est véritablement faire passer le savoir du laboratoire au chevet des patients. »