Il a été démontré qu’elle diminue les taux de mortalité attribuables à la maladie du cœur et à d’autres causes après l’apparition d’une maladie cardiovasculaire, et qu’elle aide les patients à avoir une meilleure qualité de vie. En fait, la réadaptation cardiaque est la « prochaine étape » clé du processus de guérison après une crise cardiaque ou une intervention, comme un pontage coronarien ou une angioplastie.
En fait, avec des bienfaits si attrayants, on pourrait s’attendre à ce que les patients fassent la file pour profiter de la réadaptation cardiaque. Pourtant, partout en Amérique du Nord, les taux d’aiguillage et de participation ne sont pas optimaux.
« Les soins cardiaques demeurent incomplets tant que vous n’avez pas profité des programmes de prévention secondaire offerts par la réadaptation cardiaque », explique le Dr Andrew Pipe , chef de la Division de prévention et réadaptation à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO). « Quand vous sortez de chez le dentiste, vous recevez une carte sur laquelle est indiqué votre prochain rendez-vous. Nous devons faire la même chose. »
Pour améliorer les taux d’aiguillage et de participation – afin de s’assurer que les patients aient ce « prochain rendez-vous » –, le groupe de réadaptation du Dr Pipe a mis en œuvre de nouvelles approches qui connaissent du succès.
La première étape a été de rationaliser le processus d’aiguillage. En 2006, l’Institut a instauré l’aiguillage automatique : tous les patients hospitalisés devaient être envoyés en réadaptation cardiaque; l’équipe de réadaptation déterminerait ensuite leur admissibilité.
Le changement vers l’aiguillage automatique s’est révélé efficace pour augmenter le nombre de patients envoyés en réadaptation, sans toutefois améliorer la proportion de patients qui s’inscrivent vraiment au programme. C’est pourquoi en 2008, le groupe a apporté un deuxième changement en intégrant un nouveau membre à l’équipe de réadaptation cardiaque – une infirmière dont le seul travail consiste à visiter chaque patient de l’Institut de cardiologie pour lui parler de réadaptation.
Selon la gestionnaire en réadaptation cardiaque, Sueann Tiller, il est important d’avoir cette conversation. Cela aide les patients à comprendre les bienfaits de la réadaptation cardiaque et à faire tomber les barrières qui les empêchent de participer.
Il est tout particulièrement important de parler aux patients tôt dans le processus, explique Pamela Reid, l’une des infirmières conseillères en réadaptation cardiaque qui interviennent au chevet des patients. Selon son expérience, les patients traversent généralement une étape de « lune de miel » quand ils réalisent que leur vie était en danger et a été sauvée. À ce moment, ils sont prêts à prendre les mesures nécessaires pour améliorer leur vie. Plus tard, poursuit-elle, quand ils ont quitté l’hôpital, ils réintègrent la vie quotidienne avec son lot de tensions, et l’importance de la réadaptation peut s’estomper.
C’est important de rencontrer les patients tôt, avant qu’ils retombent dans leurs habitudes de vie, parce qu’il y a très peu de gens qui ne bénéficient pas d’une réadaptation cardiaque. Certains patients peuvent être trop frêles, handicapés physiquement ou avoir plusieurs comorbidités qui rendent leur participation irréaliste. Mais souvent, ce sont les barrières dressées par les patients eux-mêmes qui rendent leur participation impossible.
Par exemple, certains patients ont l’impres-sion que ce qui leur arrive échappe à leur contrôle et qu’il n’y a rien qu’ils puissent faire pour améliorer la situation. Cette absence d’espoir indique qu’ils ne voient aucun avantage à la réadaptation.
D’autres patients ne perçoivent pas la maladie du cœur comme la maladie chronique qu’elle est. Ils croient que leur intervention chirurgicale ou leur nouvelle endoprothèse a résolu leur problème et qu’il n’y a rien de plus à faire. Dans leur esprit, ils sont guéris.
Selon Mme Reid, le fait de pouvoir parler directement aux patients aide à surmonter les obstacles et à trouver des solutions pour leur permettre de participer. « Quand ils m’exposent la série d’obstacles qui les empêchent de venir, j’essaie de trouver encore plus de raisons pour les inciter à participer. Je ne pense pas qu’on ait soulevé un obstacle que nous n’ayons pas réussi à surmonter jusqu’à maintenant. »
« Les soins cardiaques demeurent incomplets tant que vous n’avez pas profité des programmes de prévention secondaire offerts par la réadaptation cardiaque. » – Dr Andrew Pipe Chef, Division de prévention et réadaptation, ICUO
Par nécessité, l’Institut de cardiologie a développé des approches novatrices pour servir une population plus jeune et diversifiée sur le plan géographique.
Lorsque les patients participent, ils constatent rapidement les bienfaits. La base du programme est une séance d’exercice, deux fois par semaine, dirigée par des physiothérapeutes qui sont tous certifiés par l’American College of Sports Medicine. Leurs activités sont complétées par celles d’une équipe de professionnels qui partagent tous le même objectif : soutenir les patients en les amenant à adopter un mode de vie sain pour le cœur.
Une diététiste anime des ateliers de nutrition et des consultations individuelles pour aider les patients à manger sainement, notamment en proposant des conseils sur l’épicerie, les recettes et les repas à l’extérieur. Un travailleur social ou un psychologue peut aider les participants à faire les ajustements nécessaires sur le plan émotionnel et mental afin de profiter pleinement de la vie tout en vivant avec une maladie chronique. Et, fait unique dans les programmes de réadaptation cardiaque au Canada, il y a même une conseillère en orientation professionnelle pour aider les patients dans leurs démarches de retour au travail. Cet aspect devient de plus en plus important du fait que l’Institut reçoit de plus en plus de patients plus jeunes.
Par ailleurs, comme l’Institut de cardiologie dessert une vaste région géographique, nous avons dû innover dans notre offre de programmes de réadaptation, explique Mme Tiller. En plus des programmes de 8 à 12 semaines offerts en milieu hospitalier, l’Institut offre un programme de gestion de cas à domicile de 12 semaines, dans le cadre duquel les patients reçoivent une trousse de renseignements avec laquelle travailler et des appels téléphoniques hebdomadaires d’un membre de l’équipe de réadaptation cardiaque. Le programme est aussi offert en français, afin de mieux servir les patients francophones de la région. Un programme de téléréadaptation relie par vidéo des classes d’autres centres à une séance en cours à l’Institut de cardiologie. Ce programme, actuellement offert à Cornwall, est en voie d’étendre ses activités à Barrie’s Bay.
L’un des principaux éléments du programme de réadaptation en milieu hospitalier consiste à aider les patients à planifier l’avenir. Le personnel dirige les patients vers les programmes d’exercice « Corps à cœur » offerts dans des organismes municipaux et privés de leur communauté. Ces programmes sont offerts par des animateurs qui ont été formés par l’Institut de cardiologie, garantissant un environnement sécuritaire où les patients peuvent continuer à suivre leur programme d’activité physique sain pour le cœur.
« Nos patients nous disent quelles sont les lacunes en matière de services, souligne Mme Tiller. Et nous élaborons des programmes pour les combler », de sorte qu’il y aura encore moins d’obstacles pour empêcher les patients de franchir cette étape importante et de prendre leur propre santé en main.
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