Le tabagisme est responsable d’innombrables problèmes de santé, y compris les maladies cardiovasculaires et respiratoires et plusieurs formes de cancer, et mène donc fréquemment à l’hospitalisation. Étonnamment, peu d’hôpitaux canadiens ont adopté des systèmes, des politiques ou des procédures qui servent à identifier et à traiter les fumeurs admis dans leur établissement.
L’Institut de cardiologie d’Ottawa, qui fait la promotion d’un modèle d’abandon du tabac initié en milieu clinique depuis plus d’une décennie, vient de se voir accorder 3,5 millions $ pour mettre en place, en collaboration avec le programme Moving On to Being Free de l’Université Lakehead, un nouveau modèle d’intervention pour les fumeurs hospitalisés. Financé par le Ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario, ce projet pilote vise à éliminer un maximum de barrières à l’utilisation de médicaments antitabagiques. Ainsi, plus de 15 000 « cartes d’abandon » seront distribuées aux fumeurs à risque élevé dans les hôpitaux et cliniques spécialisées de l’Ontario. Ces cartes leur permettront de se procurer des produits de substitution de la nicotine.
« De nombreux fumeurs disent que le coût que représente l’abandon du tabac est le principal obstacle les empêchant d’arrêter de fumer, a déclaré la gestionnaire de programme du Modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabac (MOAT) de l’Institut de cardiologie, Mme Kerri-Anne Mullen. Heureusement, dans les hôpitaux participant à un programme d’intervention sur place, les patients et qui viennent de recevoir leur congé de l’hôpital ont maintenant un accès facile et gratuit à des médicaments antitabagiques. »
Cette initiative vise à évaluer l’efficacité des cartes de paiements d’abandon du tabac (appelées « cartes d’abandon ») que les fumeurs peuvent utiliser pour se procurer des produits de substitution de la nicotine (timbres, gommes, inhalateurs, pastilles, vaporisateurs). Ces « cartes d’abandon » seront distribuées dans près de 80 centres de santé qui font partie du réseau du MOAT ou de l’Université Lakehead.
« L’équipe du MOAT, qui travaille à l’Institut de cardiologie d’Ottawa, collabore avec les hôpitaux, les établissements de soins primaires et les cliniques pour mettre en place les protocoles et outils nécessaires à l’intégration de traitements antitabagiques dans les soins réguliers, a expliqué Mme Mullen. Nous formons chaque année des milliers de professionnels de la santé et les aidons à proposer efficacement des traitements antitabagiques aux fumeurs. »
Des facilitateurs des services d’approche du MOAT travaillent avec les centres de soins pour les aider à adapter leurs pratiques cliniques de manière à traiter de façon systématique la dépendance au tabac. Une fois le programme d’abandon du tabac lancé, des mécanismes de rétroaction et d’amélioration de la qualité contribuent à l’amélioration et au maintien du programme.
« En adoptant un système simple, mais efficace, les professionnels peuvent recenser les fumeurs, documenter les cas, offrir des traitements et effectuer des suivis auprès de tous les patients ou clients qui fument. Le résultat, c’est que plus de personnes tentent d’arrêter de fumer, et ultimement, réussissent, a ajouté Mme Mullen. Ce qui est prometteur avec la « carte d’abandon », c’est que, pour la première fois depuis l’expansion du MOAT au-delà de l’Institut de cardiologie, les patients pourront se procurer des produits de substitution de la nicotine gratuitement après leur départ de l’hôpital. »
Les patients qui se voient remettre une « carte d’abandon » par un professionnel de la santé pendant une consultation initiale d’abandon du tabac seront inscrits à un programme de suivi et pourront utiliser cette carte dans toutes les pharmacies ontariennes pour se procurer des produits de substitution de la nicotine. Ces cartes seront acceptées par les pharmacies de la même manière que les cartes d’assurance médicaments. Seuls les produits associés à un numéro d’identification du médicament figurant sur la liste de produits approuvés pour ces « cartes d’abandon » pourront être achetés avec ces cartes. La carte aura une valeur initiale de 150 $, mais les patients pourront la recharger jusqu’à concurrence de 300 $, selon leurs besoins.
Le suivi sera effectué auprès des patients par téléphone ou par courriel. Ils répondront à des questions au sujet de leur tentative d’abandon du tabac. Le système est administré par des conseillers du programme d’abandon du tabac, qui communiquent avec les patients qui ont besoin de soutien additionnel.
« Une personne qui abandonne le tabac peut s’ajouter plusieurs années de vie et peut prévenir la progression ou l’apparition de maladies chroniques graves, a rappelé Mme Mullen. C’est pourquoi nous jugeons essentiel d’offrir des programmes d’abandon du tabac à tous nos patients fumeurs. »
Il sera possible de savoir où les « cartes d’abandon » ont été distribuées (centre de santé, région administrative) grâce à un système de suivi qui collectera par ailleurs d’autres renseignements, comme le nombre de cartes réclamées ou le type de produit de substitution de la nicotine acheté.
« Notre travail est toujours fondé sur le principe de l’application des connaissances. Nous partagerons les conclusions de ce projet pilote avec tous les centres de soins participant, avec l’équipe de la Stratégie pour un Ontario sans fumée, ainsi qu’avec le Ministère de la Santé et des Soins de longue durée, a conclu Mme Mullen. Nous aimerions évidemment poursuivre cette initiative et offrir ces cartes aux fumeurs à risque élevé qui se rendent à l’hôpital ou dans les cliniques, de manière à pouvoir améliorer la santé du plus grand nombre de fumeurs possible en Ontario. »