Une fois la poussière retombée après l’achèvement du nouvel édifice de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, prévu pour début 2018, nos spécialistes pourront compter sur une salle d’opération hybride (SOH) à la fine pointe de la technologie. Cet espace servira à rassembler les chirurgiens, les cardiologues d'intervention, les spécialistes de l’imagerie et d’autres professionnels de la santé pour offrir des soins efficaces et améliorés à nos patients.
La SOH combine les installations chirurgicales avancées aux ressources que l’on trouve dans un laboratoire de cathétérisme et comprend de l’équipement d’imagerie de pointe. Les interventions non chirurgicales basées sur l’utilisation de cathéters, comme les angiographies ou les angioplasties, sont réalisées par des cardiologues d’intervention, généralement dans un laboratoire de cathétérisme. Dans une SOH, les médecins peuvent réaliser à la fois des interventions chirurgicales et interventionnelles. Cela évite aux patients de devoir subir deux interventions et donc, deux convalescences.
Des soins plus efficaces et mieux adaptés au patient
« Un chirurgien pourrait, par exemple, effectuer une réparation de la valvule mitrale pendant qu’un cardiologue effectue une ITVA pour le même patient, explique Marc Ruel, MD, chef de la Division de chirurgie cardiaque à l’Institut de cardiologie. Autre exemple : un patient a plusieurs artères bloquées, certaines nécessitant l’installation d’endoprothèses et certaines autres nécessitant des pontages. Dans la SOH, il sera possible de réaliser les deux interventions en même temps. »
Les cardiologues d’intervention et les chirurgiens de l’Institut de cardiologie collaborent déjà dans le laboratoire de cathétérisme pour les interventions relatives aux valvules, comme les implantations transcathéter de valvules aortiques (ITVA) et l’implantation de dispositifs MitraClips. « Pour ce type d’intervention, nous devons travailler ensemble. La salle d’opération hybride sera parfaite pour cela. Surtout pour les patients qui sont plus à risque de subir des complications », affirme Christopher Glover, MD, cardiologue d’intervention et directeur du laboratoire de cathétérisme cardiaque à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa.
Plus tôt cet été, Vinod Thourani, MD, chef de la chirurgie cardiothoracique à l’Université Emory, a donné une conférence à l’Institut de cardiologie sur les salles d’opération hybrides. Selon lui, un des avantages principaux d’une SOH est de pouvoir combiner les ressources et l’expertise pour réagir plus efficacement aux complications inattendues.
Les laboratoires de cathétérisme standard ne sont pas équipés pour procéder à l’ouverture du thorax d’un patient en cas d’urgence. Cela peut toutefois être fait dans une SOH. De plus, selon le Dr Ruel, les techniques de cathétérisme peuvent être utilisées dans une SOH pour gérer d’éventuelles complications, comme la perforation d’un vaisseau sanguin interne qui peut être réparée à l’aide de techniques fort peu effractives, sans avoir recours à des interventions chirurgicales.
Les capacités d’imagerie d’une SOH ouvrent une foule de possibilités pour améliorer les soins offerts aux patients, a expliqué le Dr Thourani. Par exemple, les médecins peuvent analyser les résultats de procédures complexes sur-le-champ, sans même quitter la salle d’opération.
Ces analyses instantanées peuvent aider à compléter plus rapidement l’intervention chirurgicale et ainsi améliorer la sécurité du patient, ajoute le Dr Ruel. « Si vous êtes en train d’effectuer une intervention chirurgicale complexe qui implique un triple ou quadruple pontage par une petite incision et qu’en raison du risque de complication, vous voulez vérifier que les pontages fonctionnent tel que souhaité, il faudrait normalement terminer l’intervention, transférer le patient aux soins intensifs, puis au laboratoire de cathétérisme pour effectuer une angiographie. Du point de vue logistique, c’est très compliqué et ça peut prendre des heures à planifier, explique-t-il. En ayant les installations d’imagerie sur place, nous pouvons immédiatement vérifier la qualité de notre travail. C’est vraiment un plus pour le patient, et c’est plus rapide et efficace pour l’équipe médicale. »
La collaboration : dans l’ADN de l’Institut
La salle d’opération hybride sera deux fois plus grande qu’une salle d’opération normale afin de pouvoir accueillir tout l’équipement nécessaire et suffisamment d’espace pour tout le personnel. Près d’une douzaine de professionnels doivent parfois s’entasser dans les salles d’opération existantes, y faisant en plus rouler des chariots d’équipement pour offrir les soins multidisciplinaires qui s’imposent dans les cas plus complexes.
Dans le monde en évolution constante de la cardiologie, le Dr Thourani perçoit de plus en plus de dédoublements de travail dans les cas généralement pris en charge par les chirurgiens et les cardiologues interventionnels. Pour endiguer le problème, davantage de collaboration sera requise entre les spécialistes de diverses disciplines pour trouver de nouvelles façons de penser pour les chirurgiens, les cardiologues et les infirmières.
Pour faciliter la transition vers ce nouvel environnement, l’Institut de cardiologie a recruté un chirurgien qui a reçu une formation spécifique aux salles d’opération hybrides et qui possède l’expérience requise. Il se joindra à notre équipe en juillet 2017. « Ce sera le chef d’orchestre, a déclaré le Dr Ruel. Il aidera les chirurgiens et les cardiologues interventionnels à travailler ensemble sans anicroche. »
La salle d’opération hybride entraînera une toute nouvelle façon de travailler, mais à l’Institut de cardiologie, le personnel est déjà fort habitué à travailler en équipe et d’offrir des soins multidisciplinaires. C’est dans l’ADN de tout le personnel de l’Institut!
« Cette approche est tout à fait en harmonie avec la philosophie globale de l’Institut de cardiologie et avec le concept d’équipe multidisciplinaire que nous avons adopté, conclut le Dr Ruel. Personne ne travaille en silo, ici. Nous avons toujours été orientés vers l’offre de soins multidisciplinaires pour traiter nos patients. »
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