Le pontage aortocoronarien, une stratégie supérieure à l’intervention coronarienne percutanée?

20 octobre 2018

Des spécialistes en cardiologie du Canada et du monde entier se sont réunis à Toronto en fin de semaine dans le cadre du Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire (CCSC), le plus important événement de ce genre au pays pour les professionnels de la santé et les médecins. Le Congrès attire des centaines de conférenciers partageant les dernières innovations en recherche, en prévention, et en traitement des maladies du cœur.

La Dre Louise Sun, anesthésiologiste à la Division d’anesthésiologie cardiaque de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, était conférencière dans le cadre de cet événement phare. Étoile montante dans son domaine, notamment grâce à ses recherches récentes à l’Institut de cardiologie, elle a présenté les différences entre les taux de survie à long terme après un pontage aortocoronarien et après une intervention coronarienne percutanée (ICP) comme traitements d'une cardiopathie ischémique. 

Louise Sun, M.D., est anesthésiologiste à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa et professeure adjointe  au Département d’anesthésiologie de l’Université d’Ottawa.

« Il existe deux stratégies de traitement principales pour la cardiopathie ischémique, soit le pontage aortocoronarien et l’ICP, explique la Dre Sun. Le pontage est une procédure effractive : il faut effectuer une intervention chirurgicale ouverte. Il s'agit alors de prendre des vaisseaux sanguins d’une partie du corps et de les utiliser pour détourner le sang des artères du cœur qui sont bloquées. » Le pontage aortocoronarien demeure la méthode standard pour traiter les personnes atteintes de maladies coronariennes graves. La perméabilité des greffons et les résultats à long terme sont très bons, mais la procédure demeure risquée et constitue une solide épreuve pour le corps humain, selon la Dre Sun.

L’ICP, en revanche, est une procédure moins effractive : le cardiologue passe par le bras ou l’aine du patient et insère une endoprothèse dans le corps pour faciliter le passage du sang dans les vaisseaux sanguins atteints par la maladie. « C’est une méthode intéressante pour les personnes qui ne souhaitent ou ne peuvent pas vivre une longue convalescence. »

Selon la Dre Sun, il manque encore de données comparatives issues d’essais à répartition aléatoires examinant les résultats chez les patients atteints de cardiopathies ischémiques et qui ont subi un pontage ou une ICP.

Au sens purement épidémiologique, on peut dire que c’est mieux. Notre étude montre que le pontage aortocoronarien mène à de meilleurs résultats à long terme que l’ICP. C’est la conclusion de notre étude.

- Dre Louise Sun

Les chercheurs de l'équipe de la Dre Sun ont mené une étude rétrospective analysant les données de résidents de l’Ontario à partir des bases de données de CorHealth Ontario et de l’Institut canadien d’information sur la santé. Ils se sont penchés sur les patients atteints de cardiopathies ischémiques âgés de 45 à 80 ans et qui avaient subi soit un pontage aortocoronarien, soit une ICP, entre le 1er octobre 2008 et le 21 mars 2016. Les données d’un total de 11 916 patients ont été analysées (4 769, soit 40 % d’entre eux, avaient subi un pontage et 7 147, soit 60 % d’entre eux, avaient subi une ICP).

« Ça nous a pris quelques mois pour obtenir les données que nous souhaitions et les analyser, a déclaré la Dre Sun. Il s’agissait d’une étude rétrospective, donc toutes les données étaient déjà consignées. Nous avions des quantités massives de données et de détails entre les mains. »

L’étude de la Dre Sun a révélé que le pontage aortocoronarien était associé à un risque ajusté inférieur de mortalité à long terme, comparé à l’ICP. Les patients ayant subi un pontage présentaient toutefois un plus grand fardeau de comorbidités.

Lorsqu’on a demandé à la Dre Sun si le pontage aortocoronarien était une stratégie supérieure à l’ICP, la Dre Sun s’est mise à rire. « Au sens purement épidémiologique, on peut dire que c’est mieux. Notre étude montre que le pontage aortocoronarien mène à de meilleurs résultats à long terme que l’ICP. C’est la conclusion de notre étude. »

La Dre Sun pense que cette étude pourrait paver la voie à des essais cliniques visant à confirmer ces analyses. « Nous devons réaliser d’autres recherches pour comparer l’efficacité du pontage aortocoronarien par rapport à l’ICP comme traitement pour les événements cardiaques majeurs, en tenant aussi compte de l’impact sur la qualité de vie des patients atteints de cardiopathie ischémique. »

The Beat s’est entretenu avec la Dre Sun après sa présentation lors de la première journée du CCSC au Palais des congrès du Toronto métropolitain. Visionnez la vidéo ci-dessous pour en apprendre plus! (Le sous-titrage en français de cette vidéo est disponible.)

La Dre Sun tient à souligner les contributions de son ami et mentor, le Dr Jack Tu, décédé pendant les révisions initiales de ce manuscrit.

Vous pouvez consulter le diaporama de la Dre Sun Long-Term Survival after Coronary Artery Bypass Grafting versus Percutaneous Coronary Intervention in Patients with Ischemic Cardiomyopathy (PDF, en anglais).