Les hommes et les femmes ont tendance à gérer les épreuves de la vie de façon différente, et cela s’applique aussi lorsqu’ils souffrent d’une maladie du cœur. Beaucoup d’hommes n’ont pas accès aux ressources dont ils ont besoin pour gérer les difficultés qu’ils rencontrent dans ce genre de situation.
« Les normes culturelles amènent les hommes à penser qu’ils ne devraient pas montrer leurs émotions, car ce serait un signe de faiblesse », explique Heather Tulloch, Ph. D., psychologue à la Division de prévention et de réadaptation cardiaques de l’Institut de cardiologie d’Ottawa. « Ça fait en sorte que beaucoup d’hommes hésitent à aller chercher l’aide et les services dont ils ont besoin. »
Heather Tulloch participe actuellement au développement d’un programme baptisé Cœur à l’esprit (en anglais seulement). Financé par le mouvement Movember, ce programme se penche sur les conséquences de la maladie du cœur sur la santé mentale des hommes. Il est à noter que près de 50 % des personnes qui ont eu une crise cardiaque connaissent des symptômes de dépression, 20 % souffrent d’anxiété et 25 % ont des symptômes de stress post-traumatique.
« On souhaite se centrer sur les besoins particuliers de ce groupe. Notre objectif est d’aider les hommes en répondant à leurs besoins émotionnels d’une façon qui leur parle vraiment », ajoute-t-elle.
L’Institut de cardiologie est l’un des six établissements où le programme sera mis à l’essai au Canada. Comme l’Institut offre déjà certains programmes conçus pour les femmes et les hommes, Cœur à l’esprit sera intégré aux autres programmes axés sur les besoins particuliers des hommes. Au total, 3 000 individus bénéficieront d’une série d’évaluations et d’outils qui les aideront à gérer les problèmes de santé émotionnelle qui découlent d’une maladie du cœur, explique Paul Greenman, Ph. D., qui est psychologue clinicien à l’Institut de recherche de l'Hôpital Montfort à Ottawa, professeur à l’Université du Québec en Outaouais à Gatineau, et l’un des principaux chercheurs à la tête de ce projet.
Le soutien sera offert de façon graduée et sera modulé en fonction de la sévérité des difficultés psychologiques rencontrées par chaque patient.
Les patients souffrant de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique auront accès à des renseignements et des outils en ligne conçus pour les aider à comprendre et gérer la tristesse, l’anxiété et l’inquiétude. Pour plusieurs, ce sera tout le soutien dont ils auront besoin, ajoute Paul Greenman.
Les besoins des patients seront réévalués après trois mois, et ceux qui nécessiteront du soutien additionnel pourront bénéficier de huit séances de thérapie de groupe de deux heures chacune. Trois mois plus tard, les patients qui auront besoin d’aide supplémentaire se verront offrir quinze séances individuelles de thérapie cognitive-comportementale ou quinze séances de consultation avec leur conjointe ou une autre personne qui leur est proche.
Ces séances de couple sont importantes pour les patients dont la relation est devenue tendue à cause de leur maladie du cœur.
« Plusieurs patients nous confient que leur relation de couple est devenue plus conflictuelle à la suite de leur crise cardiaque. L’objectif des séances de consultation en couple est de les aider à prendre du recul pour comprendre leur situation. Beaucoup de tensions sont liées à des peurs ou des inquiétudes inconscientes. Le programme offrira aux couples des outils pour comprendre leur matrice relationnelle. On veut que les hommes comprennent que leur santé mentale est intimement liée à leur santé physique et à la vitalité de leurs relations », explique Paul Greenman.
Cœur à l’esprit viendra s’ajouter à d’autres services psychothérapeutiques de réadaptation cardiaque offerts par l’Institut de cardiologie, comme le programme de gestion du stress, le groupe de gestion des émotions, le groupe « Soigner les cœurs à deux », le programme Femmes@Coeur et le groupe « Bien dormir pour un cœur en meilleure santé ».
Pour en savoir plus, visitez la page Facebook du programme Cœur à l’esprit. Le volet thérapeutique du programme devrait être lancé au printemps 2017 à l’Institut de cardiologie d’Ottawa.