La pratique répandue, dans le cadre de procédures d’ablation pour les arythmies complexes comme la fibrillation auriculaire et la tachycardie ventriculaire, c’est d’utiliser les radiations pour aider à visualiser les mouvements du cathéter et pour guider l’électrophysiologiste dans les parties les plus délicates de la procédure.
Ce type d’imagerie utilisant les radiations s’appelle fluoroscopie. Un rayon X est émis dans le corps du patient. Le signal est ensuite transformé en image, sur un écran situé dans la salle d’opération.
Bien que la fluoroscopie demeure un outil essentiel pour réaliser des procédures à effraction minimale lorsqu’il n’est pas possible d’observer directement l’intérieur du corps, avec la répétition, l’exposition à des doses de radiations élevées peut poser des risques pour la santé tant pour les patients que pour le personnel médical.
Le Dr Mouhannad Sadek, électrophysiologiste cardiaque à la Division de cardiologie de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, affirme que dans son laboratoire, il exécute actuellement la grande majorité des procédures d’ablation sans utiliser les technologies basées sur l’utilisation des radiations.
L’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa est le premier établissement canadien à réaliser systématiquement des ablations complexes sans fluoroscopie aux patients atteints d’arythmies complexes.
- Dr Mouhannad Sadek
En juillet 2016, le Dr Sadek et son équipe de l’Institut de cardiologie ont commencé à réaliser des ablations de la fibrillation auriculaire à l’aide de techniques non fluoroscopiques. Puis, en 2018, ils ont commencé à en faire de même pour l’ablation de la tachycardie ventriculaire.
« L’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa est le premier établissement canadien à réaliser systématiquement des ablations complexes sans fluoroscopie aux patients atteints d’arythmies complexes, affirme le Dr Sadek. Nous sommes le premier hôpital au monde à avoir publié des résultats sur des ablations complexes sans fluoroscopie réalisées chez des patients atteints de tachycardie ventriculaire dans le cadre d’une cardiopathie structurelle. »
Afin de réaliser une ablation sans fluoroscopie, un système d’échocardiographie intracardiaque (imagerie par ultrasons) et un système de cartographie électroanatomique en 3D sont utilisés pour visualiser l’intérieur du corps et le cathéter pendant la procédure d’ablation. Lorsqu’utilisées simultanément, ces deux technologies reproduisent essentiellement ce que fait la fluoroscopie, éliminant toutefois les risques liés à l’exposition aux radiations.
« Le personnel infirmier et de soutien n’a pas à porter des vêtements protecteurs pendant ces procédures, ce qui réduit le risque de cancer lié aux radiations tant pour notre personnel que pour les patients, explique le Dr Sadek. C’est particulièrement important pour les patients qui doivent subir plusieurs procédures et faire plusieurs tests d’imagerie et qui risquent de cumuler une exposition aux radiations supérieure à la moyenne au cours de leur vie. Les jeunes patients ou les patientes enceintes sont particulièrement vulnérables aux radiations. L’ablation sans fluoroscopie est idéale dans leur cas. »
Selon les estimations du Dr Sadek, son équipe de l’Institut de cardiologie aurait déjà réalisé plus de 80 procédures d’ablation de la fibrillation auriculaire ou du flutter auriculaire et plus de 15 ablations de la tachycardie ventriculaire sans fluoroscopie.
Comprenant bien tout le potentiel de cette méthode pour le traitement des arythmies cardiaques dans les prochaines années, le Dr Sadek ajoute que « d’autres travaux devront être réalisés afin d’éventuellement pouvoir réaliser des ablations sans fluoroscopie pour d’autres types d’arythmies et pour exporter ces techniques dans d’autres établissements de l’Ontario et du Canada. »
Le rapport du Dr Sadek, intitulé « Completely Non-Fluoroscopic Catheter Ablation of Left Atrial Arrhythmias and Ventricular Tachycardia » (en anglais seulement) a été publié dans le Journal of Cardiovascular Electrophysiology.