Ces temps-ci, les mots « boire moins, c’est mieux » reviennent souvent dans les conversations entre le personnel de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa et les patients à propos de l’alcool et de la santé cardiaque.
En janvier, le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCSA) a publié les Repères canadiens sur l'alcool et la santé : rapport final en remplacement des Directives de consommation d'alcool à faible risque du Canada, qui n’avaient pas été mises à jour depuis plus d’une décennie.
Le rapport comprend les nouvelles lignes directrices canadiennes sur la consommation d’alcool, qui recommandent de ne pas dépasser deux verres par semaine pour maintenir un risque faible ou nul de sept types de cancers, d’invalidité à court terme, de blessures, de maladie du cœur et d’AVC.
« Toute information supplémentaire qui vient éclairer les décisions et améliorer les soins aux patients est une bonne chose », indique Hassan Mir, M.D., cardiologue à la Division de prévention et de réadaptation cardiaque de l’ICUO.
« Malheureusement, comme la consommation d’alcool est profondément enracinée dans la société et la culture, beaucoup pensent à tort qu’elle est inoffensive. Les effets néfastes de l’alcool sont souvent sous-estimés, comme c’était le cas pour le tabac il y a 50 ans », poursuit le Dr Mir, qui a récemment pris la barre du Modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabac.
Comme l’indique le Dr Mir, les dangers du tabagisme sont couramment dépeints sur les emballages de cigarettes et de produits contenant de la nicotine. Ce n’est pas le cas de l’alcool, malgré ses conséquences pour la santé et la société.
Il est important que les patients soient au courant des dangers associés à l’alcool et qu'ils déterminent le niveau de risque qui leur semble acceptable en se basant sur les plus récentes données.
- Dr Hassan Mir, ICUO
« Il est important que les patients soient au courant des dangers associés à l’alcool et qu'ils déterminent le niveau de risque qui leur semble acceptable en se basant sur les plus récentes données, poursuit le Dr Mir. Les nouvelles lignes directrices du CCSA apportent de l’information de plus pour faire un choix en toute connaissance de cause. »
Quels sont ces risques?
En entrevue avec The Beat, le Dr Mir a parlé des effets toxiques de l’alcool, qui peuvent causer des décès évitables, l’invalidité, des problèmes sociaux et mener à une foule de problèmes de santé comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, les maladies du foie et des blessures accidentelles.
Du point de vue cardiovasculaire, l’alcool peut augmenter le risque de cardiomyopathie, affection qui se caractérise par un affaiblissement du muscle cardiaque et qui peut mener à l’insuffisance cardiaque congestive. Comme l’alcool peut aggraver la cardiomyopathie, il devrait être évité chez les personnes qui en sont atteintes.
L’alcool, a expliqué le Dr Mir, est aussi un facteur de risque de l’hypertension et de la fibrillation auriculaire, qui augmentent le risque de maladie du cœur et d’AVC.
La consommation régulière d’alcool avant une opération peut augmenter le risque de complications postopératoires comme les saignements, les infections et les problèmes de cicatrisation. L’ICUO recommande de cesser toute consommation d’alcool quatre semaines avant une opération ou une intervention pour favoriser une bonne guérison.
De même, il est déconseillé de boire de l’alcool pendant la convalescence, car il peut réduire l’efficacité des médicaments pour le cœur, augmenter l’enflure, causer une déshydratation et retarder ou empêcher la guérison.
Un verre standard : boire moins, c’est mieux
« Ce que les patients devraient surtout retenir, c’est de réfléchir à leur consommation d’alcool — à quelle fréquence ils boivent et quelle quantité — et d’envisager de la réduire », explique Kathleen Turner, diététiste professionnelle à l’ICUO.
Par son travail en réadaptation cardiaque, Kathleen Turner joue un rôle central dans la conception de nouveaux programmes et de matériel éducatif pour les patients de l’ICUO.
Conformément aux lignes directrices du CCSA, la Division de prévention et de réadaptation cardiaque de l’ICUO a entrepris de mettre à jour son matériel éducatif sur la consommation d’alcool. Le personnel clinique, quant à lui, renseigne les patients sur la définition d’un verre standard et les moyens de réduire leur consommation d’alcool pour maintenir un risque faible pour la santé.
Conclusion : Boire moins, c’est mieux
« La consommation d’alcool est associée à un continuum de risques, et les patients doivent déterminer avec quel niveau de risque ils sont à l’aise », dit Kathleen Turner.
« Nous conseillons aux patients de consulter leur médecin de famille ou fournisseur de soins primaires à propos de la consommation d’alcool à faible risque, dit le Dr Mir. La modération, c’est bien, mais boire moins, c’est encore mieux. »
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