Cinq façons d’augmenter la participation des femmes à la réadaptation cardiaque pendant la pandémie

8 juin 2021

Quelques semaines après la déclaration de la pandémie de COVID-19, les programmes de réadaptation cardiaque (RC) partout dans le monde ont suspendu leurs services en personne en raison des mesures de distanciation physique mises en place pour aplanir la courbe.

Dr. Carley O'Neill, a postdoctoral research fellow, UOHI
(Carley O’Neill, Ph.D.): Au Laboratoire de physiologie de l’exercice et de santé cardiovasculaire, Carley O’Neill, Ph. D. (ci-dessus) et ses collègues étudient le rôle de l’exercice en prévention et réadaptation cardiovasculaires ainsi que la santé des femmes. Dans ses futures recherches, la chercheuse souhaite explorer le recours à différents types d’entraînements pour aider à gérer diverses maladies chroniques, en particulier chez les femmes.

En raison de cette perturbation sans précédent des modes traditionnels de prestation des programmes de RC dans les hôpitaux et autres établissements de santé, la RC est rapidement passée en mode virtuel à domicile grâce à des technologies comme le téléphone, les vidéoconférences, le courriel, les applis pour téléphone intelligent et les technologies portables dans le but de préserver le continuum des soins cardiovasculaires.

On sait que la RC est une stratégie de prévention secondaire à la fois efficace, multidisciplinaire et éprouvée pour ce qui est d’optimiser la santé cardiovasculaire. Le hic, c’est que la COVID-19 a exacerbé les inégalités entre les sexes. Durant la pandémie, le passage rapide de la RC en mode virtuel a causé des difficultés particulières aux femmes atteintes d’une maladie cardiovasculaire (MCV).

« Les MCV sont une cause majeure de décès chez les Canadiennes », indique Carley O'Neill, Ph. D., chercheuse-boursière de niveau postdoctoral au Laboratoire de physiologie de l’exercice et de santé cardiovasculaire de la chercheuse Jennifer Reed, Ph.D., à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO). « L’exercice est bon pour la santé mentale et physique, et il aide à gérer les MCV. Malheureusement, en exacerbant les responsabilités familiales des femmes, leur précarité d’emploi et la violence conjugale, la pandémie a réduit leur capacité de donner la priorité à leur santé. »

Dans un article récent paru dans le numéro d’avril 2021 de la revue Applied Physiology, Nutrition, and Metabolism, Carley O'Neill et ses collègues indiquent que, comparativement aux hommes, les femmes atteintes d’une MCV présentent souvent un plus grand nombre de facteurs de risque modifiables (p. ex. inactivité physique, stress, anxiété) et, en conséquence, une moins bonne santé physique et mentale.

De plus, les diverses inégalités sociales, économiques, ethniques et politiques subies par les femmes augmentent le risque de MCV.

« Si on ne tient pas compte des besoins particuliers des femmes atteintes d’une MCV dans les interventions actuelles et futures contre la pandémie, les inégalités entre les sexes sur le plan des MCV et des taux d’infection et de mortalité associés à la COVID-19 s’accentueront »

- Carley O'Neill, Ph. D.

L’étude de la chercheuse et de ses collègues indique que pour encourager les femmes atteintes d’une MCV, dans toutes les communautés, à faire de l’exercice pendant la pandémie et à long terme, il faut proposer des programmes d’exercices virtuels à la fois réalistes, adaptables et amusants qui tiennent compte de divers besoins et stratégies de base :

Contacts sociaux

Inclure un proche pour promouvoir les interactions sociales.

Temps

Diviser les longues séances en séances plus courtes et privilégier des horaires d’entraînement flexibles.

Variété

Inclure diverses options (marche, danse aérobique, musculation, conditionnement de groupe) pour que les femmes puissent choisir une forme d’exercice qui leur plaît.

Modification des habitudes

Utiliser un registre d’activité physique ou un moniteur d’activité pour fixer des objectifs raisonnables, augmenter la motivation et maintenir les bonnes habitudes à long terme.

Assurances

Couvrir la réadaptation cardiaque à domicile.

« Les femmes constituent une grande proportion des travailleurs qui fournissent des produits et services essentiels pendant la pandémie, indique Carley O'Neill. Vu leurs responsabilités familiales et leur instabilité financière accrues, elles sont aussi prédisposées à l’épuisement professionnel et à la détresse psychologique. »

La satisfaction des besoins croissants des femmes atteintes d’une MCV en matière de santé mentale durant la pandémie permettrait d’améliorer la gestion de leurs facteurs de risque cardiovasculaire et leur qualité de vie. Un horaire de travail plus flexible, des centres de dépistage et de vaccination plus faciles d’accès et ouverts plus longtemps pour accommoder les horaires chargés, ainsi que des interactions sociales et contacts virtuels plus fréquents sont autant de choses qui pourraient aider.

« On fait souvent fi des besoins et de la voix des femmes atteintes d’une MCV, indique Carley O’Neill. Tout en luttant contre la propagation de la COVID-19, nous devons aussi défendre résolument la cause de la santé cardiovasculaire des femmes d’un océan à l’autre. »