Chaque année, plus de 32 000 Canadiens sont victimes d’un arrêt cardiaque à l’extérieur de l’hôpital, et parmi eux, plus de 90 p. cent ne survivent pas. Dans bien des cas, c’est par manque de connaissance, de la part des témoins, des techniques de réanimation cardiorespiratoire (RCR) ou parce qu’un défibrillateur externe automatique (DEA) n’était pas accessible.
Les lignes directrices et les résumés d’études présentés à l’occasion du Congrès de l’AHA (American Heart Association) de 2015 ont mis en lumière des moyens de rendre la réanimation cardiorespiratoire plus simple, efficace et systématique.
Le Dr Clifton Callaway, président du comité de soins cardiovasculaires d’urgence de l’AHA, a fait le point sur les lignes directrices révisées de l’AHA, lesquelles ont été publiées dans la revue Circulation en octobre dernier.
Modifications aux lignes directrices de l’AHA en matière de réanimation
Selon les mises à jour de 2015 des lignes directrices de l’AHA en matière de réanimation, publiées dans la revue Circulation en octobre dernier, la fréquence des compressions thoraciques durant la RCR devrait se situer entre 100 et 120 par minute. La précédente version de ces recommandations, qui datait de 2010, indiquait uniquement la fréquence minimale, soit au moins 100 compressions. Toutefois, selon les données d’une vaste étude menée récemment, il apparaît que lorsque la fréquence des compressions dépasse 120 par minute, la pression exercée sur la poitrine n’est pas suffisamment forte pour faire circuler le sang de manière optimale.
Qui plus est, les lignes directrices de 2015 recommandent à présent de compresser la poitrine d’au moins 5 cm (2 pouces), mais sans dépasser 6 cm (2,4 pouces). Les lignes directrices de 2010 indiquaient uniquement le seuil minimal, soit au moins 5 cm. Mais les résultats d’une étude publiés dans la revue Resuscitation en 2013 soulignent que les compressions thoraciques excédant 6 cm pourraient entraîner des blessures.
Le Dr Callaway , président du comité de soins cardiovasculaires d’urgence de l’AHA, tient cependant à nuancer cette recommandation : « Il ne faut surtout pas avoir peur d’appuyer fort; les côtes sont suffisamment souples pour absorber les compressions thoraciques; les “blessures” sont généralement très légères et ne mettent en aucun cas la vie de la personne en danger. »
Les lignes directrices de 2015 ont également revu le concept des insufflations de sauvetage pendant la RCR. Alors que la version de 2010 mettait l’accent sur le recours exclusif aux compressions pour les membres du public qui ne sont pas formés en RCR, les nouvelles recommandations en la matière encouragent les insufflations de sauvetage pour toute personne volontaire qui se sent capable de réaliser cette manœuvre. Dans le cas contraire, « Mieux vaut ne faire que les compressions que rien du tout », insiste le Dr Callaway.
De nouvelles données sur la RCR et les DEA
« Cette étude visait à établir un mécanisme permettant de former un plus grand nombre de personnes », explique l’auteure principale Audrey Blewer, de l’Université de Pennsylvanie, qui aimerait voir ce genre de formation offerte sur des plateformes comme YouTube, les vidéos sur demande ou les médias sociaux. « Nous voulons permettre à un plus grand nombre de personnes d’utiliser la RCR dans une situation d’arrêt cardiaque typique », dit-elle.
Par ailleurs, selon une étude de l’Université de Toronto, l’accès public aux DEA est défaillant au Canada. Notamment, parce que de nombreuses installations qui possèdent ces dispositifs essentiels sont fermées en dehors des heures de bureau.
Christopher Sun, un étudiant aux cycles supérieurs, et ses collègues ont consigné tous les arrêts cardiaques survenus à Toronto hors d’un hôpital entre janvier 2006 et août 2014. Ils ont remarqué que les deux tiers sont survenus le soir, la nuit ou la fin de semaine. Or, durant ces périodes, l’accès à un DEA chute de plus de 30 p. cent en raison de la fermeture des édifices qui les abritent, notamment des écoles, des installations industrielles ou récréatives et des bureaux. « Nous plaçons les DEA dans des endroits achalandés, mais nous ne tenons pas compte de l’accessibilité temporelle », indique M. Sun.