Les auteurs d’une étude récemment publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne (en anglais) ont découvert que, pour évaluer l’afflux sanguin dans les artères du poignet, les diagnostics faits par l’entremise d’un téléphone intelligent seraient plus précis que ceux qui sont issus des techniques traditionnelles.
L’étude a été menée à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) entre juillet 2015 et mars 2016. Elle visait à déterminer si l’application pour téléphone intelligent Instant Heart Rate produisait des résultats plus précis que les méthodes cliniques standards pour déterminer le flux sanguin dans les artères du poignet chez les patients qui subissaient une angiographie.
À l’heure actuelle, l’échographie Doppler est considérée comme ce qui existe de mieux pour évaluer la perméabilité des artères dans les milieux cliniques, mais requiert trop de ressources et coûte trop cher pour être utilisée de façon régulière. C’est donc généralement la manœuvre d’Allen qui est utilisée pour s’assurer du bon fonctionnement de ces artères.
Le Dr Benjamin Hibbert, M.D., Ph. D., cardiologue interventionniste et directeur du Laboratoire de biologie vasculaire et de médecine expérimentale à l’ICUO, est l’auteur principal de cette étude. « Selon nos résultats, une application de téléphone intelligent présenterait de meilleurs résultats que la technique standard que nous utilisons en clinique et offrirait donc de meilleurs rendements diagnostiques dans notre pratique clinique », affirme-t-il.
Selon cette étude, la version 4.5.0 de l’application Instant Heart Rate offre un rendement supérieur à la manœuvre d’Allen : 94 % contre 84 %. Dans cette étude, les chercheurs utilisaient un iPhone 4S. L’application montre les changements dans le flux sanguin à l’écran. Elle est disponible gratuitement sur les téléphones Apple ou sur Android, et est actuellement l’application de mesure de la fréquence cardiaque la plus téléchargée au monde.
Pour faire sa lecture, on doit coller la lentille de la caméra sur le bout de l’index du patient. Les changements de couleur et de luminosité sont captés par la lentille et les données sont interprétées et numérisées par l’application, qui présente les résultats photopléthysmographiques. La photopléthysmographie est une technique non effractive et peu coûteuse utilisée pour mesurer l’afflux sanguin au niveau capillaire.
L’application n’est actuellement pas certifiée pour utilisation par les fournisseurs de soins de santé par aucun organisme de réglementation. Le Dr Hibbert et ses collègues pensent toutefois que les résultats de cette étude montrent l’étendue du potentiel des diagnostics réalisés par l’entremise d’un téléphone intelligent, notamment pour améliorer la prise de décision en milieu clinique.
« Un peu tout le monde a un téléphone intelligent à portée de main : on les utilise de plus en plus pour faire des diagnostics rapides en milieu clinique à peu, voire aucun coût, ajoute Pietro Di Santo, auteur principal de l’étude. Les caméras intégrées, les applications dédiées et les capteurs optiques utilisant des diodes qui émettent des rayons infrarouges ont le potentiel de faire des téléphones intelligents de véritables pléthysmographes. »
Selon le Dr Hibbert, le résultat, pour les patients, c’est de savoir que les médecins fondent leurs décisions sur des données fiables quant au bon fonctionnement de leur artère ulnaire. Ils pourront donc mieux choisir le bon poignet à utiliser lors de l’angiogramme, mieux surveiller les signes de complications lors de l’insertion du cathéter dans les artères du poignet et choisir de façon éclairée l’artère à utiliser dans le cadre d’un pontage aortocoronarien.
Un total de 438 patients ont participé à cette étude publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne le 3 avril 2018.