La nouvelle technologie d’imagerie cardiaque à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) permettra aux médecins et aux chercheurs d’étendre considérablement leurs recherches de pointe sur la fonction cardiaque tout en assurant aux patients une attente plus courte pour des tests diagnostiques.
Un nouvel appareil hybride qui combine la tomodensitométrie (TDM) et la tomographie par émission de positons (TEP) devrait réduire à trois semaines ou moins le temps d’attente des patients qui nous sont adressés pour obtenir un diagnostic précoce de cardiopathies susceptibles de provoquer un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque.
La combinaison de la TDM et de la TEP amalgame des images précises avec une capacité de diagnostic plus caractéristique d’une angiographie effractive, où un cathéter est inséré par les vaisseaux sanguins jusqu’au cœur pour repérer les artères obstruées.
« Nous allons nous concentrer davantage sur la population la plus susceptible de bénéficier d’une technologie de pointe qui a fait ses preuves comme outil de diagnostic fiable », explique le Dr Benjamin Chow, cardiologue et directeur du Service d’imagerie cardiaque à l’ICUO.
Il s’agit souvent de patients qui ne présentent pas nécessairement de symptômes, mais chez lesquels le médecin soupçonne une maladie du cœur. La TDM, par exemple, utilise une caméra numérique spéciale qui peut scruter l’intérieur de la paroi du vaisseau pour montrer une éventuelle accumulation de calcium. Les parois vasculaires encombrées de calcium ou de plaques peuvent se rétrécir au point de diminuer l’apport de sang au cœur; c’est ce qu’on appelle l’athérosclérose. La plaque peut aussi se scinder ou se détacher et causer une obstruction pouvant bloquer l’apport de sang et provoquer une crise cardiaque.
« Nous pouvons développer davantage notre expertise de tous les calculs et modalités d’imagerie, pour pouvoir prédire la maladie chez des patients quand les autres tests semblent normaux », précise le Dr Chow.
L’ICUO est le site du Centre national de TEP cardiaque au Canada, le seul établissement disposant de technologies de pointe consacrées exclusivement à l’imagerie cardiaque. Plus de 6 000 patients, plusieurs provenant d’un peu partout au pays, se présentent à l’Institut pour des tests d’imagerie cardiaque.
Les temps d’attente ont augmenté graduellement en raison de la demande croissante pour l’imagerie par TEP. « Cet appareil d’imagerie additionnel nous permettra de diminuer nos temps d’attente et permettra à plus de patients de bénéficier de cette précision accrue », explique le Dr Rob Beanlands, chef du Service d’imagerie cardiaque et directeur du Centre national de TEP.
À l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO), l’imagerie cardiaque est également un important outil de recherche pour des études continues qui évaluent la viabilité du cœur et l’apport sanguin. L’ICUO est reconnu internationalement pour ses travaux visant à évaluer et à étendre les capacités de l’imagerie par la tomographie par émission de positons (TEP). Par exemple, des chercheurs peuvent maintenant détecter les plus subtils changements dans la fluidité et la vitesse auxquelles le sang irrigue le cœur après un repas riche en matières grasses.
« Nous travaillons activement sur le plan clinique et de la recherche. Cela accroît notre capacité à offrir les deux services, qui contribueront à répondre aux demandes croissantes en raison de la grande précision de la TEP », ajoute le Dr Beanlands.
Au-delà de la précision des images de la TEP, la technologie peut utiliser d’autres isotopes médicaux que le technétium 99. Une équipe de physiciens de l’ICUO a entrepris de développer des isotopes de remplacement en réponse à la grave pénurie de technétium 99 causée par l’arrêt du réacteur de Chalk River l’an dernier. Chalk River est la principale source d’approvisionnement au monde pour cet isotope. Les autres solutions se révèlent très prometteuses pour réduire la forte dépendance à ce produit d’imagerie unique.
Les chercheurs de l’ICUO ont reçu 2,17 millions de dollars des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG), et 2 millions de dollars de fonds fédéraux pour mettre au point des radioisotopes médicaux de remplacement, tester leur efficacité dans le diagnostic de la maladie du cœur et accélérer leur production et leur distribution au Canada.
Le rubidium 82 (82Rb) est l’un de ces isotopes. Il est produit à l’ICUO dans un petit générateur, de la taille d’un réfrigérateur miniature, et est utilisé sur place depuis plus de 10 ans chez des patients devant subir une TEP pour diagnostiquer une coronaropathie.
Robert de Kemp, Ph. D., est le physicien médical en chef du Service d’imagerie cardiaque. Un patient peut se demander quel est le lien entre la physique médicale dans les soins cardiovasculaires et son traitement.
L’ICUO est reconnu internationalement pour ses travaux visant à évaluer et à étendre les capacités de l’imagerie par TEP.
« Notre objectif et notre leadership en la matière dérivent de notre capacité à transposer rapidement et directement nos techniques de recherche du laboratoire en soins aux patients et, ce faisant, offrir une intervention médicale plus tôt que prévu », explique-t-il.
M. de Kemp et son équipe de recherche ont apporté des améliorations majeures au générateur d’isotopes, qui peut maintenant fonctionner pendant huit semaines consécutives, soit plus longtemps que les quatre à six semaines des générateurs de 82Rb similaires.
Son travail a donné lieu au développement d’un nouveau logiciel pour suivre le flux sanguin dans les petits vaisseaux et à de très petits volumes. Il permet aux chercheurs d’examiner de minuscules vaisseaux pour ainsi voir les effets microcirculatoires du diabète, par exemple, et l’effet des hormones sur le cœur.
L’ICUO est l’un des rares établissements de soins cardiovasculaires au monde à développer des techniques d’imagerie de pointe pour l’étude du débit sanguin et l’évaluation du risque de coronaropathie.
Selon M. de Kemp, l’ajout d’un second appareil d’imagerie « signifie que nous pouvons faire plus d’examens d’imagerie et, ce faisant, améliorer l’efficacité et l’exactitude tout en contribuant à la rentabilité. Mais ce qui importe le plus dans notre travail, c’est de faire le bon examen pour le patient au bon moment. Cela signifie que la recherche en cardiologie se traduira directement par de meilleures options de traitement pour les patients. »