La prévention et la réadaptation cardiovasculaires se sont métamorphosées au XXe siècle et continuent d’évoluer rapidement. Le Dr Andrew Pipe , dans sa présentation donnée lors de la conférence annuelle Terry Kavanagh au Congrès canadien sur la santé cardiovasculaire de 2014, a décrit une vision pour « la prévention et la réadaptation cardiovasculaires au XXIe siècle. »
Pour comprendre les progrès réalisés en matière de réadaptation depuis les 70 dernières années, le Dr Pipe a présenté une perspective historique révélatrice. Dans les années 40, les patients cardiaques étaient nourris à la cuillère pour prévenir tout effort de la part des patients. Les patients étaient alités et il ne leur était pas permis de monter des escaliers pendant un an. Durant les années 50, on ordonnait aux patients de se reposer en restant allongés dans leur lit ou assis dans un fauteuil. Des changements se sont lentement effectués au cours des années 60. Des programmes de réadaptation cardiaque ont été mis en œuvre au Canada dans les années 70.
De nos jours, nous savons que l’activité physique est importante dans le cadre de la réadaptation après une crise cardiaque. En fait, l’incidence des maladies cardiovasculaires a nettement chuté depuis le milieu du XXe siècle, principalement grâce aux efforts de prévention visant à réduire les facteurs de risque majeurs de la maladie du cœur, comme le manque d’activité physique.
Nous savons maintenant qu’adopter un mode de vie sain avant de développer une maladie du cœur symptomatique peut prolonger la vie de 10 à 14 ans et que près d’un quart de tous les événements cardiaques peuvent être évités grâce à la prévention.
Le Dr Pipe a clairement expliqué que plusieurs changements démographiques et culturels en cours nécessiteront de nouvelles approches en matière de programmes de prévention et de réadaptation. La population de patients est en évolution; la population vieillit, les femmes représentent une plus grande proportion des patients et la clientèle est plus multiculturelle et certaines ethnicités sont plus à risque que d’autres. Les patients sont plus susceptibles de souffrir de nombreuses comorbidités et l’insuffisance cardiaque est un problème fréquent car plus de patients survivent à une crise cardiaque.
Pour toutes ces raisons, « Se fier aux mêmes méthodes et programmes d’approche ne fonctionne plus », déclare le Dr Pipe. « Nous devons commencer à faire les choses différemment. »
Il préconise un modèle dans lequel les centres de prévention et de réadaptation agissent comme phares qui diffusent les meilleures pratiques, les programmes modèles et les renseignements validés en formant des partenariats avec les employeurs , les départements de santé publique, les équipes de soins primaires, les services de loisirs et les organismes communautaires.
La pression à développer de nouvelles approches ne vient pas seulement du secteur public, mais également du secteur des soins de santé. À titre d’exemple, le Dr Pipe a proposé l’adoption de nouvelles approches en matière de prescription et de surveillance de l’activité physique étant donné qu’aujourd’hui nous avons accès à de nombreux renseignements sur la circulation coronaire et la fonction cardiaque après une intervention ou un incident cardiaque, et les épreuves d’effort traditionnelles peuvent produire des renseignements conflictuels.
Une autre priorité consiste à retirer les patients de la catégorie de patients les moins en forme et les plus à risque. On observe des bienfaits substantiels même avec des niveaux minimes d’activité physique. Réussir à inciter les gens inactifs à commencer à marcher fait une gigantesque différence dans leur santé et leur bien‑être. Être en forme et obèse est mieux que ne pas être en forme et avoir un poids normal. Par conséquent, on devrait inciter ces personnes à faire 30 minutes d’activité physique, au moins cinq jours par semaine.
En résumé, selon le Dr Pipe, le système de soins de santé actuel n’est pas viable sur le plan économique. « Nous devons mettre l’accent sur la prévention de la maladie plutôt que sur l’éradication de la maladie. »
Les centres de réadaptation peuvent servir de modèle et d’épicentre pour ce changement, et la communauté de prévention et de réadaptation cardiaques peut fournir le leadership afin de faire avancer les politiques publiques et la planification urbaine progressive.