Avec une affluence estimée à plus de 18 000 professionnels de la santé, les séances scientifiques de l’American Heart Association (AHA) – qui ont eu lieu à Dallas, au Texas, en novembre 2013 – confirment cette année leur statut de plus importante conférence en sciences et médecine cardiovasculaires au monde et la participation de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) à cet événement ne cesse de s’intensifier.
De nouveau, le programme des séances scientifiques de l’American Heart Association (AHA) comprenait plus de 40 présentations de l’ICUO sur une grande variété de sujets cliniques et de recherche. La contribution de l’ICUO en 2013 incluait en particulier un grand nombre d’allocutions d’experts cliniques sur de nombreux sujets allant de la chirurgie à effraction minimale à l’imagerie cardiaque.
L’exposé du Dr Vincent Chan , chirurgien à l’ICUO, a porté sur le suivi à long terme des patients après la réparation de leur valvule mitrale. Le Dr David Birnie , cardiologue-électrophysiologue, a quant lui expliqué la position canadienne à l’égard de la warfarine et d’autres anticoagulants récents et le Dr Marc Ruel , chef de la Division de chirurgie car-diaque, s’est exprimé sur le fonctionnement à long terme des greffons coronariens et la réduction des risques que procure l’utilisation de techniques à effraction minimale.
« L’AHA réunit la science et la pratique clinique en chirurgie, en cardiologie et en soins infirmiers. Du point de vue scientifique, on ne fait pas mieux, affirme le Dr Ruel, lequel a en outre agi comme président du programme scientifique de chirurgie de l’AHA. Une présentation ou une allocution dans le cadre de l’AHA offre une visibilité inégalée. »
Le Dr Ruel souligne que les 10 allocutions d’experts et les nombreuses présentations de recherche de l’ICUO témoignent du rayonnement croissant de l’établissement à l’échelle internationale. « Je crois qu’il n’est pas exagéré de dire que parmi les établissements de santé canadiens présents à l’AHA, l’ICUO est le plus important », déclare-t-il.
En compagnie du Dr Alex Kulik, ancien résident en chirurgie de l’ICUO, le Dr Ruel copréside le comité de rédaction de la déclaration consensuelle de l’AHA sur le traitement optimal des patients après un pontage aorto-coronarien, dont la publication est prévue en 2014. « Outre la réalisation du pontage aortocoronarien, il est tout aussi important de limiter au maximum le risque de récidive, explique-t-il. Et grâce à sa Division de prévention et de réadaptation, l’ICUO a fait un travail extraordinaire en prévention secondaire. »
Réparation de la valvule aortique : les meilleurs biomatériaux
Dans la réparation de la valvule aortique, de nombreux matériaux sont utilisés pour remplacer les cuspides (feuillets valvulaires) qui permettent à la valvule de se refermer complètement après chaque battement de cœur.
Mais la durabilité à long terme de ces matériaux, dont plusieurs sont utilisés couramment, n’a jamais fait l’objet de comparaisons directes après la réparation. Une équipe de chercheurs de l’ICUO, dirigée par le Dr Hadi Toeg, résident en chirurgie, a comblé cette lacune grâce à une étude qui a permis au Dr Toeg de se hisser parmi les finalistes du prix « Vivien Thomas Young Investigator Award » de l’AHA. Cinq matériaux utilisés en réparation valvulaire ont été évalués :
- Péricarde autologue d’origine porcine;
- Tissu péricardique bovin traité au glutaraldéhyde (Synovis®);
- Matrice extracellulaire (CorMatrix®) d’origine porcine;
- Prothèses en fibres synthétiques (Dacron®) imprégnées de collagène (HemashieldMC);
- Bioprothèse péricardique d’origine bovine de St. Jude MedicalMC (SJM) avec la technologie EnCapMC.
Tous ces matériaux, à l’exception de la bioprothèse de SJM (toujours jugée expérimentale), sont utilisés couramment en réparation valvulaire. Les chercheurs ont utilisé chacun de ces matériaux pour remplacer un feuillet valvulaire et réparer ainsi la valvule aortique. Ils ont ensuite évalué les valvules réparées à l’aide d’un appareil qui simule la pression exercée par le côté gauche du cœur. Tous ces matériaux ont été utilisés pour une réparation valvulaire et ont fait l’objet d’au moins sept évaluations à l’aide de cet appareil.
Comparativement aux valvules intactes, les valvules HemashieldMC, CorMatrix® et de Synovis® ont affiché une moindre résistance aux contraintes mécaniques qui pourraient à la longue entraîner une défaillance. En matière de résistance, les chercheurs ont conclu que les matériaux constituant le péricarde autologue d’origine porcine et la bioprothèse péricardique de SJM paraissaient les plus adaptés pour réparer la valvule aortique, en raison de leur grande ressemblance avec les valvules aortiques normales.
Les sciences fondamentales à leur meilleur
Lors de la séance intitulée « Best of Basic Science », Nicholas Blackburn, doctorant au Laboratoire de génie tissulaire cardiovasculaire dirigé par Erik Suuronen , Ph. D., a présenté les résultats de ses travaux sur un moyen de « détoxifier » le cœur après une crise cardiaque.Les tissus endommagés lors d’une crise cardiaque peuvent produire une molécule toxique, appelée « méthylglyoxal », qui pourrait enrayer la capacité du cœur à générer de nouveaux vaisseaux sanguins. Pour vérifier si la maîtrise du taux de méthylglyoxal après une crise cardiaque facilite la réparation tissulaire, les chercheurs ont utilisé un modèle murin génétiquement modifié pour produire une quantité excessive de glyoxalase-1 (GLO1), une enzyme qui élimine le méthylglyoxal du cœur.
Comparativement aux autres souris, les souris qui produisaient une quantité accrue de GLO1 présentaient au niveau du cœur une accumulation plus faible de méthylglyoxal, une densité accrue de vaisseaux sanguins et une mortalité inférieure de cellules cardiaques après un infarctus. Il se pourrait que la réduction du taux de méthylglyoxal dans le cœur après une crise cardiaque se révèle un moyen de favoriser le processus de guérison naturel du cœur.