Carolyn Pullen, B.Sc.inf., inf. aut., Ph.D., faisait son jogging matinal lorsqu’elle a eu une idée qui pourrait bien changer l’avenir des soins de santé cardiovasculaire au Canada.
Chef de la direction de la Société cardiovasculaire du Canada (SCC), elle réfléchissait à des façons d’améliorer les soins tout en soutenant ses membres, c’est-à-dire les professionnels des soins cardiovasculaires au Canada.
« Il existe des réseaux d’organismes spécialisés travaillant pour la santé des enfants ou les soins contre le cancer qui ont accompli de grandes choses », a-t-elle expliqué lors d'un récent entretien avec The Beat. « Toutefois, il n’y a jamais eu, au Canada, de réseau national de centres de soins cardiovasculaires. »
Les maladies cardiovasculaires sont une des principales causes de morbidité et de mortalité. Pourtant, indique Carolyn Pullen, il semble qu’elles ne retiennent plus autant l’attention du public que d’autres maladies chroniques courantes.
Un manque pressant à combler
Carolyn Pullen a passé un coup de fil au Dr Marc Ruel, qui à l’époque était président du conseil d’administration de la SCC et chef de la Division de chirurgie cardiaque de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa.
Chirurgien de renommée mondiale, le Dr Ruel y a vu une belle occasion, pour la SCC, de bâtir une communauté qui pourrait contribuer à la qualité des soins cardiovasculaires aux quatre coins du pays.
« Les centres de santé cardiovasculaire qui ont la capacité d’utiliser efficacement leurs ressources pour freiner les maladies cardiovasculaires et élaborer des programmes pour améliorer la prestation et l’accessibilité des soins ont le devoir de faire profiter les autres de leur expérience, de leurs connaissances et de leur expertise », dit-il.
À ce moment-là, le Dr Ruel travaillait déjà à un projet d’alliance entre l’ICUO et une autre province, en l’occurrence Terre-Neuve. Dans le cadre de cette collaboration, l’ICUO a fait différentes contributions qui ont aidé la régie de la santé Eastern Health à réduire ses listes d’attente pour les opérations cardiaques complexes. L’ICUO a aussi fait profiter Eastern Health d’innovations aisément adaptables à une autre province. Les deux organisations étaient déjà des partenaires sur le plan de la formation et des fellowships.
Dans les mois qui ont suivi ces discussions préliminaires, Carolyn Pullen, le Dr Ruel et la SCC ont jeté les bases de la nouvelle alliance nationale. Le projet bénéficie maintenant selon eux d’un élan et d’un soutien suffisants pour qu’une coalition de dirigeants administratifs ayant une influence sur les politiques en santé se réunisse officiellement pour discuter des prochaines étapes.
« Nous avons constaté l’utilité de solliciter la participation de dirigeants administratifs et de décideurs qui ne font pas traditionnellement partie des membres de la SCC, explique Carolyn Pullen. Au fil de nos nombreuses consultations, il est devenu évident que les meilleures personnes à rallier au projet sont celles qui comprennent les problèmes systémiques et qui ont leur mot à dire sur les solutions systémiques. »
Des personnes d’influence comme le Dr Thierry Mesana
Le Dr Thierry Mesana est président-directeur général de l’ICUO. Il est connu partout dans le monde comme le chirurgien spécialiste des interventions valvulaires qui a révolutionné le traitement des maladies cardiovasculaires. Il est l’auteur d’un livre qui a fait date sur le recours aux équipes interdisciplinaires pour offrir des soins cardiovasculaires de pointe centrés sur le patient.
À l’ICUO, les équipes interdisciplinaires réunissent des experts de différentes disciplines qui travaillent ensemble à établir des traitements personnalisés pour différents problèmes cardiovasculaires complexes.
Tout comme le Dr Mesana, le Dr Ruel peut témoigner des bienfaits de ce travail d’équipe à la croisée des disciplines.
« Il est important de ne pas travailler en vase clos en médecine, surtout en médecine cardiovasculaire, dit-il. Quand on limite sa réflexion à une seule spécialité, on limite aussi sa perspective. Toutefois, en considérant l’évolution de la maladie dans sa globalité et en réunissant des spécialistes ayant des compétences et des points de vue variés, on obtient des discussions éclairées et centrées sur la meilleure façon de traiter chaque patient. »
Cette façon de penser est à l’origine de l’entente conclue entre l’ICUO et Eastern Health. Ce partenariat visionnaire envoie des chirurgiens cardiaques d’Ottawa à Terre-Neuve et des patients cardiaques à Ottawa pour réduire l’attente en chirurgie cardiaque à Terre-Neuve-et-Labrador. L’entente prévoit aussi l’offre de formation au personnel de santé cardiaque d’Eastern Health par les chirurgiens de l’ICUO.
Un champion pour montrer la voie
Dans une lettre au Dr Mesana, Carolyn Pullen affirme que le partenariat entre l’ICUO et Eastern Health est ce qui a inspiré les efforts de la SCC pour rallier des dirigeants de tout le pays au projet d’alliance nationale.
La vision d’un dirigeant inspirant, écrit-elle, « montrera la voie aux autres. »
Le Dr Mesana a accepté d’être un champion de l’alliance. Le 28 octobre à Montréal, il a donné le coup d’envoi du projet en dirigeant un atelier au plus important congrès de professionnels de la santé cardiovasculaire et de spécialistes de domaines connexes au Canada. L’objectif de cet atelier était d’établir les priorités d’un plan de travail de deux ans.
« L’objectif est d’établir une communauté de pratique pour les dirigeants administratifs des centres de santé cardiovasculaire du Canada. Le but sera de s’attaquer ensemble à des problèmes communs en partageant nos connaissances, expériences, outils et solutions, et de parler d’une même voix aux décideurs sur certains points clés. »
« Le projet vise à bâtir un forum national structuré pour échanger de l’information, mettre en valeur des pratiques innovantes pour améliorer la qualité et mettre au point des solutions à des problèmes tenaces, communs et nouveaux qui nuisent aux soins cardiaques et à la santé des patients, poursuit-il. Les grands centres mieux nantis pourront appuyer les centres communautaires ou de plus petite envergure. Les petits centres, plus agiles, pourront quant à eux partager les innovations mises en place pour servir certains groupes de populations de façon stratégique et efficace. Les bienfaits vont dans les deux sens. »
« Je crois qu’une alliance de centres canadiens de santé cardiovasculaire pourrait accélérer des changements bénéfiques, mieux promouvoir les soins cardiovasculaires au Canada et ramener l’attention du public sur la crise des maladies cardiovasculaires. »
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