La médecine moderne dépend grandement des technologies de pointe pour diagnostiquer et traiter la maladie, mais les soins de santé en général accusent un certain retard par rapport à d’autres secteurs, tardant à adopter les avancées des technologies de l’information (TI). Lors du Congrès canadien en santé cardiovasculaire (CCSC) 2014, plusieurs présentations se sont penchées sur la manière dont les TI et les soins de santé interagissent ou pourraient interagir pour améliorer les soins aux patients et la promotion de la santé.
La valeur des applications mobiles gratuites
Il existe, sur « iTunes Store » seulement, plus de 10 000 applications mobiles sur la santé et la médecine, mais dans quelle mesure ses outils non réglementés sont-ils appropriés et efficaces? Il semble que l’acheteur doive faire preuve de prudence; ce que vous obtiendrez risque d’être proportionnel au prix payé. Un groupe du King’s College de Londres, en Angleterre, a évalué 96 applications gratuites sur l’hypertension et la tension artérielle, offertes sur l’Apple Store du Royaume-Uni. Les applications, toutes destinées au grand public, ont été examinées pour voir dans quelle mesure elles étaient conformes aux lignes directrices médicales.
Les chercheurs ont découvert que les applications « étaient peu conformes aux lignes directrices reconnues », 89 p. 100 d’entre elles fournissant de piètres renseignements sur la sécurité des données. Ils ont conclu qu’il leur était impossible de recommander aux patients d’utiliser l’une ou l’autre des applications analysées par le groupe.
Messages textes de rappel au service des médicaments et des exercices
Des chercheurs de Waterloo, Ontario, se sont penchés sur l’utilisation des messages textes de rappel pour améliorer l’observance thérapeutique concernant l’exercice et la prise de médicaments après une crise cardiaque. Un an après avoir subi une crise cardiaque, moins de 50 p. 100 des patients respectent leur programme d’exercices. Quant aux médicaments, jusqu’à 80 p. 100 de la non-observance peut être attribuable à l’oubli. Les chercheurs ont créé des programmes qui généraient quatre messages textes pendant la journée pour rappeler aux participants de faire de l’exercice ou de prendre leurs médicaments.
À mesure que les études de 12 mois progressaient, on observait chez les participants qui ne recevaient pas de messages textes une forte baisse de la prise de médicaments et de la pratique des exercices recommandés. Les participants qui recevaient un message texte ont respecté avec beaucoup plus de rigueur leur programme d’exercices. Les résultats ont été similaires pour les médicaments, avec un avantage particulièrement marqué pour les participants jugés plus à risque de ne pas respecter leur schéma thérapeutique. Bien qu’il existe de nombreuses applications pour envoyer des rappels aux patients, les chercheurs croient que les rappels générés par un professionnel de la santé ont une plus grande incidence parce qu’ils sont moins faciles à ignorer.
Le média affecte le message
Une autre étude a eu des retombées pratiques pour la communication de renseignements sur la santé. L’étude s’est penchée sur la popularité des différents médias pour s’informer sur les facteurs de risque de la maladie du cœur en plus d’évaluer si le média avait une influence sur la sensibilisation des gens à l’égard de ces facteurs de risque. Les médias sources qui ont été comparés incluaient l’internet, les sources imprimées, la radio et la télévision, les professionnels de la santé, les organismes communautaires ainsi que la famille et les amis. Le sondage effectué auprès de 4 682 visiteurs d’une clinique d’urgence de la région de Toronto a donné lieu à des résultats surprenants. Comme on pouvait s’y attendre, l’utilisation de l’internet augmente grandement au fur et à mesure que l’âge des répondants diminue, mais plus de la moitié de tous les répondants de tous les groupes d’âge continuent à se fier à des sources imprimées. On a aussi été surpris de constater que les sources imprimées permettaient de mieux sensibiliser les gens aux facteurs de risque, et ce, dans une très large mesure. Quant aux professionnels de la santé, ils ont une influence modérée sur la sensibilisation tandis que la radio et la télévision font piètre figure.
Exploration de données
Les systèmes de soins de santé provinciaux du Canada génèrent de grands ensembles de données sur les patients, une ressource sous-utilisée pour améliorer la prestation des soins. Des chercheurs de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa ont mis au point un système automatisé d’exploration de données pour extraire des données pertinentes de plus de 82 000 notes cliniques dictées et transcrites portant sur plus de 30 000 patients. L’objectif était d’extraire les données nécessaires pour déterminer dans quelle mesure la prise en charge médicale des patients atteints à la fois d’une maladie du cœur et de diabète était pleinement conforme aux lignes directrices cliniques sur le diabète.
Le système a analysé le langage des notes cliniques transcrites et a résolu le contexte des renseignements afin d’identifier des points de données cibles, qui incluent les mesures de tension artérielle, de glucose et de cholestérol, le diagnostic du diabète, ainsi que le nom et la posologie des médicaments. L’un des plus grands défis a été de faire en sorte que le système reconnaisse le contexte dans lequel ces renseignements étaient présentés afin d’extraire des données précises de ces notes cliniques. Richard Davies , M.D., qui a présenté les résultats, a expliqué que la précision du système avait été améliorée grâce à des contrôles manuels de la qualité des données et aux propres capacités d’autoapprentissage du système.
Le projet a démontré qu’il était possible d’extraire les renseignements désirés de sources de données non structurées à l’aide d’un système automatisé. Les données ont permis d’identifier des tendances relatives à l’observance des lignes directrices pour les soins et de révéler différents aspects susceptibles d’être améliorés.