La maladie du cœur présente un visage différent chez les femmes, et cette différence se confirme dans presque tous les aspects de la maladie : les facteurs aggravants, les symptômes, le diagnostic, le traitement et même le risque de mortalité. Dans les faits, la maladie du cœur tue plus de femmes dans le monde que tous les cas de cancer, de tuberculose, de SIDA et de malaria réunis. Pourtant, une récente enquête nationale a révélé que les efforts de sensibilisation qui sont déployés pour mieux faire connaître les risques et les dangers de la maladie du cœur n’arrivent pas à atteindre une majorité de Canadiennes.
Inauguré officiellement en novembre, le Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes (CCSCF) cherche à modifier cet état de fait en « engageant la conversation au sujet des femmes et de la maladie cardiaque ». Ce centre, premier du genre au Canada, s’emploiera à améliorer les soins, à mieux sensibiliser les gens et à approfondir les connaissances sur la maladie du cœur chez les femmes. Les recherches cibleront spécifiquement les femmes et puiseront leur inspiration dans les travaux d’experts de renommée mondiale.
« Le paysage de la santé cardiaque des femmes a grandement évolué au fil des ans, mais des efforts restent encore à faire pour combler le manque de sensibilisation du public et des professionnels à l’égard du risque de maladie coronarienne chez les femmes », explique la cardiologue, Michele Turek, M.D., conseillère médicale au CCSCF. « Nous devons relever cet important défi et corriger les perceptions erronées concernant l’incidence, la prévalence et l’importance des maladies cardiovasculaires. »
Une grande partie de ce que nous savons au sujet du diagnostic et du traitement de la maladie du cœur provient d’études portant sur des hommes. Mais, tandis que la maladie cardiovasculaire est en déclin chez les hommes, elle est en hausse chez les femmes, et constitue la première cause de décès chez les femmes de plus de 35 ans.
« La maladie du cœur représente le plus grand risque pour la santé des femmes, mais on ne la perçoit pas ainsi », explique Lisa McDonnell, gestionnaire de programme pour le Centre. « En 2012, nous avons commencé, à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, à discuter de la possibilité d’accroître notre influence sur la santé cardiaque des femmes. Il était devenu très évident que le risque de maladie du cœur chez les femmes demeurait sous-estimé, en dépit du fait qu’une femme sur trois aura une maladie du cœur dans sa vie, coûtant chaque année des milliards de dollars à l’économie canadienne. »
« Sachant tout cela, poursuit-elle, nous avons été surpris de constater qu’il n’existait aucun centre qui s’occupait à la fois des soins, de la sensibilisation et de la recherche; mais, nous avons vu ce manque comme une occasion de commencer à jouer un rôle encore plus actif. Notre objectif est de mettre en place des modèles d’excellence exemplaires en prévention et prise en charge de la maladie cardiovasculaire chez les femmes, et d’adapter ces activités à l’échelle régionale, puis provinciale en attendant de parvenir à étendre le tout à l’ensemble du pays. »
Le Centre a commencé à instaurer des programmes et des initiatives pilotes en 2013, et il étendra ses partenariats avec des fournisseurs de soins de santé et des praticiens de première ligne pour offrir des programmes concrets, dont les suivants :
- Le programme de dépistage et de consultation CardioPrévention® est conçu pour joindre les personnes qui ne sont pas encore atteintes d’une maladie cardiovasculaire, mais qui peuvent présenter un risque accru en raison de facteurs génétiques ou de facteurs liés au mode de vie. Le programme est offert à ces personnes et aux membres de leur famille.
- Le Programme de soins virtuels, un système en ligne de prise en charge de la santé cardiovasculaire, proposera des stratégies et des ressources pour maîtriser et prendre en charge les facteurs de risque de maladie du cœur pour les femmes à risque et les femmes qui sont déjà atteintes d’une maladie du cœur.
- Le Programme Femmes@coeur est un programme de soutien par les pairs destiné aux femmes atteintes d’une maladie du cœur; il est dirigé par des femmes qui ont surmonté avec succès la maladie. Il offrira un environnement amical et chaleureux pour apprendre les unes des autres tout en bénéficiant d’un soutien affectif et éducatif.
- Le Programme de risque post-grossesse offrira une occasion unique d’identifier les nouvelles mères qui sont plus à risque de souffrir plus tard d’une maladie cardiovasculaire en raison d’une pré-éclampsie durant leur grossesse.
Les efforts du CCSCF cibleront trois groupes de femmes : les femmes qui sont atteintes d’une maladie du cœur; les femmes qui présentent un risque modéré ou élevé de développer la maladie; et les femmes qui sont responsables de la santé cardiaque de leur famille. Le Centre désigne ce dernier groupe comme les « gardiennes du cœur », car la principale femme de la cellule familiale possède jusqu’à 65 % d’influence sur les choix et les comportements sains pour le cœur des membres de sa famille.
« Par notre travail, nous aspirons à accomplir plusieurs choses, souligne Mme McDonnell. Nous voulons accroître la sensibilisation et corriger les idées fausses. Nous voulons soutenir les fournisseurs de soins de santé avec des modèles de soins préventifs et les amener à s’engager, ainsi que les femmes, en améliorant l’accès aux outils de dépistage des risques et d’autogestion. Nous espérons développer un réseau de leaders et d’utilisateurs de connaissances pour aider à diffuser l’information; et nous espérons contribuer à l’acquisition de nouvelles connaissances grâce à la recherche axée sur les femmes. »
« La maladie du cœur n’est pas qu’une affaire d’homme après tout », comme le souligne le récent reportage d’André Picard publié dans le Globe and Mail — une affirmation avec laquelle le personnel du CCSCF est entièrement d’accord.
Comme la Dre Turek l’a affirmé lors du lancement très couru, « en raison du risque aggravé de mortalité et de la moins bonne qualité de vie lorsque la maladie du cœur est déjà déclarée chez les femmes, nous devons tirer parti et promouvoir des approches nouvelles et novatrices pour prévenir et traiter la maladie du cœur, comme l’approche multifacette qui sera offerte par le Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. »