De vastes progrès ont été réalisés au cours des quatre dernières décennies dans la lutte contre le tabagisme. Pourtant, l’usage du tabac demeure l’une des principales causes évitables de maladie, d’hospitalisation et de décès. Les fumeurs quotidiens passent en moyenne deux fois plus de temps à l’hôpital que les personnes qui n’ont jamais fumé quotidiennement. Ainsi, le tabagisme a un impact important sur le taux d’utilisation du système de santé canadien.
L’hospitalisation représente l’occasion idéale d’encourager les patients à participer à un programme d’abandon du tabac. Lorsqu’une personne est hospitalisée, elle est pleinement centrée sur son état de santé et est plus ouverte à apporter les changements qui s’imposent pour améliorer leurs perspectives de vie.
Une nouvelle étude de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO), menée en collaboration avec l’Institut de recherche en services de santé (IRSS), a conclu que les programmes d’abandon du tabac initiés en milieu hospitalier amélioraient les résultats pour les patients et réduisaient la nécessité des patients d’avoir davantage recours au système de santé.
Le Modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabac (MOAT) est une approche selon laquelle chaque patient hospitalisé est systématiquement invité à participer à un programme d’abandon du tabac. Cette approche a été conçue par l’Institut de cardiologie dans le but d’être utilisée dans les hôpitaux et dans le milieu de la santé en général. Le Modèle d’Ottawa aurait jusqu’ici grandement aidé à de nombreux patients à arrêter de fumer dans plus de 130 hôpitaux et plus de 350 établissements de soins de santé au Canada.
L’étude avant-après comparait 726 fumeurs hospitalisés qui avaient été suivis selon le Modèle d’Ottawa dans l’un des 14 hôpitaux de l’Ontario avec 641 fumeurs hospitalisés qui ne l’avaient pas été ou qui avaient reçus des soins « normaux ». Les résultats ont montré que ceux qui avaient été suivis selon le Modèle d’Ottawa :
- avaient plus de chances d’avoir complètement arrêté de fumer à leur rendez-vous de suivi de 6 mois (35 %, comparé à 20 % pour les autres);
- avaient la moitié des risques d’être réadmis à l’hôpital, peu importe la cause, et 30 % moins de risque de devoir se rendre dans un service d’urgence dans les 30 jours suivant l’hospitalisation initiale;
- avaient 21 % moins de risques d’être réhospitalisés et 9 % moins de risques de devoir se rendre dans un service d’urgence deux ans après leur hospitalisation initiale;
- avaient 40 % moins de risque de mourir de n’importe quelle cause sur une période de deux ans suivant l’hospitalisation initiale.
« Considérant le faible coût de ces interventions, nous devrions systématiquement offrir à tous les patients fumeurs de participer à un programme d’abandon du tabac et d’amorcer le traitement à l’hôpital même », a déclaré Kerri-Anne Mullen, auteure principale de l’article, gestionnaire de programme du réseau du Modèle d’Ottawa pour l’abandon du tabac à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa et étudiante-scientifique à l’IRSS au moment de la réalisation de l’étude. « C’est vraiment un coup de circuit. C’est une stratégie qui ne coûte pas très cher à mettre en place, qui réduit la pression sur le système de santé, et surtout, qui sauve des vies et améliore le bien-être à long terme des patients fumeurs. »
Reconnaissance externe du Modèle d’Ottawa
En plus de cette reconnaissance scientifique de l’efficacité du Modèle d’Ottawa, le programme a reçu en mai l’un des Prix Heather Crowe pour un Ontario sans fumée. Ce prix est remis par le ministère de la Santé et des Soins de longue durée à ceux qui ont fait des contributions importantes à la lutte contre le tabagisme afin d’atteindre un Ontario sans fumée.
Pour en savoir plus
- Lisez l’article publié (en anglais) dans Tobacco Control, du British Medical Journal, et visionnez le résumé vidéo.