En novembre, des travaux de recherche du monde entier ont été présentés dans le cadre des séances scientifiques de 2014 de l’American Heart Association (AHA). Les points saillants suivants présentent les résultats de vastes études cliniques sur un médicament et de nouveaux renseignements sur les causes de la maladie du cœur et l’importance d’un cœur en santé.
Prévention des caillots après la mise en place d’une endoprothèse
Deux études cliniques sur un médicament ont fait l’objet d’une grande couverture médiatique. L’une de ces études, DAPT (Dual Antiplatelet Therapy) , comparait des patients prenant de l’aspirine combinée à un deuxième anticoagulant (clopidogrel ou prasugrel) pendant 30 mois après la mise en place d’une endoprothèse coronarienne, et des patients qui sont passés à l’aspirine seulement après la première année. Chez les patients qui ont continué de prendre la combinaison de deux médicaments, le risque d’une nouvelle crise cardiaque a été réduit de moitié environ et le risque de caillots sanguins dans leur endoprothèse a été réduit d’environ un tiers, comparativement aux patients qui sont passés à l’aspirine seule.
Toutefois, les saignements modérés ou graves étaient plus fréquents chez les patients qui prenaient la combinaison de deux médicaments pendant 30 mois. Les patients qui sont passés à l’aspirine seule n’étaient pas plus susceptibles de subir un accident vasculaire cérébral ou de mourir durant l’étude. « Les médecins devraient prendre en considération les risques individuels des patients lorsqu’ils prescrivent une thérapie anticoagulante combinée », déclare la Dre Laura Mauri, du Brigham and Women’s Hospital à Boston.
Traitement amélioré de l’hypercholestérolémie
L’étude IMPROVE-IT a évalué l’ajout d’un second type d’hypocholestérolémiant au traitement standard avec une statine chez des patients à risque élevé de subir une crise cardiaque et un accident vasculaire cérébral. Le deuxième médicament, appelé ézétimibe, contrecarre la capacité du corps à absorber le cholestérol alimentaire. Par contre, les statines empêchent le corps de produire du cholestérol.
Dans cette étude clinique à répartition aléatoire, l’association de ces deux médicaments a réduit le risque d’accident vasculaire cérébral de 20 % et le risque de crise cardiaque de 10 % comparativement au traitement avec une statine seule. Certains commentateurs ont décrit ces résultats comme un « bienfait modéré ». L’étude n’a pas examiné le maintien des taux de cholestérol normaux chez les sujets en bonne santé.
L’obésité est étroitement liée à l’insuffisance cardiaque
D’autres études présentées dans le cadre de la conférence ont fourni des données intéressantes quant aux facteurs de risque de la maladie du cœur. On sait depuis longtemps que l’obésité est associée à tous types de maladie cardiovasculaire, y compris la maladie coronarienne et l’accident vasculaire cérébral. Or, une nouvelle étude de la Faculté de médecine de l’Université Johns Hopkins donne à croire que l’obésité est plus étroitement liée à l’insuffisance cardiaque qu’à tout autre type de maladie du cœur, et la plus grande partie de ce risque ne peut pas être expliquée par des facteurs de risque traditionnels comme l’hypertension, le diabète et les taux de cholestérol sanguin.
Les chercheurs ont découvert que les personnes gravement obèses présentaient un risque quatre fois plus élevé de développer une insuffisance cardiaque que les personnes d’un poids corporel normal. Par contre, le risque de maladie coronarienne et d’accident vasculaire cérébral était seulement doublé chez les personnes gravement obèses. Les facteurs de risque traditionnels comptaient pour presque tout le risque accru de maladie coronarienne et d’accident vasculaire cérébral, mais pour seulement environ la moitié du risque accru de l’insuffisance cardiaque.
Dépression et troubles du sommeil chez les femmes
Comme l’obésité, la dépression et les troubles du sommeil sont également liés à la maladie du cœur. Chez les femmes, ce lien semble être beaucoup plus fort qu’on le croyait. Des chercheurs des Sciences médicales de l’Université de l’Arkansas ont suivi le développement des symptômes de maladie cardiovasculaire précoce sur une période de deux ans dans un groupe composé de plus de mille femmes qui n’avaient pas de maladie du cœur. Chez les participantes souffrant de dépression ou de troubles du sommeil, les scores sur un sondage validé qui mesure les symptômes de maladie du cœur précoce ont augmenté d’environ 20 points sur une période de deux ans. Chez les femmes qui souffraient de ces deux affections, les scores augmentaient de plus de 50 points.
Prévention à long terme
De bonnes nouvelles concernant la prévention ont également été annoncées à cette réunion. Deux études présentées aux séances scientifiques de 2014 de l’AHA laissent entendre que demeurer en santé durant la jeunesse a des avantages à long terme. Les chercheurs de l’Université Northwestern à Chicago ont découvert que les gens qui présentaient un profil de risque faible de maladie cardiovasculaire lorsqu’ils étaient plus jeunes (24 à 45 ans) présentaient à peu près la moitié du risque de développer des anomalies cardiaques qui pourraient être détectées à l’électrocardiographie environ 40 ans plus tard. Un profil de risque faible dans cette étude incluait une basse tension artérielle, un faible taux de cholestérol, l’absence de diabète, un poids santé et l’absence de tabagisme.
Une analyse connexe a montré que les personnes présentant ce profil de risque faible avaient également un risque de 34 % à 58 % moins élevé de perdre leur capacité fonctionnelle à un âge plus avancé. Comme l’a expliqué le Dr Thanh-Huyen Vy, Ph. D., qui a présenté ces deux études, les résultats soulignent que les bienfaits d’une bonne santé cardiaque persistent pendant des décennies.