Survie à long terme après une chirurgie cardiaque : le sexe a une incidence

3 septembre 2019

L’an dernier, une étude révélait que les décès et les hospitalisations liés à l’insuffisance cardiaque étaient plus nombreux chez les femmes que chez les hommes. Aujourd’hui, une nouvelle étude de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) avance qu’après une importante chirurgie cardiaque, le taux de survie à long terme des femmes est aussi inférieur à celui des hommes.

La Dre Louise Sun est directrice de l’équipe Soleil de l’ICUO, un programme de recherche sur l’insuffisance cardiaque et l’évolution de l’état de santé des patients ayant subi une intervention cardiovasculaire.

« Il y a un lien notable entre le sexe féminin et le taux de mortalité à long terme après une intervention cardiaque », affirme la Dre Louise Sun, anesthésiologiste à la Division d’anesthésiologie cardiaque et chercheuse clinicienne à l’ICUO. « Plus particulièrement, notre étude a démontré qu’une plus grande proportion de femmes succombent après un pontage, que celui-ci ait ou non été combiné à une chirurgie valvulaire mitrale. »

La Dre Sun est l’auteure principale de l’étude Sex Differences in Long-Term Survival After Major Cardiac Surgery : A Population-Based Cohort Study (en anglais) récemment publiée dans le Journal of the American Heart Association

À partir de données démographiques de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences et de CorHealth Ontario, la Dre Sun et son équipe ont observé un échantillon de plus de 72 000 Ontariens et Ontariennes de plus de 40 ans qui ont subi un pontage, une intervention valvulaire ou une combinaison des deux entre 2008 et 2016.

Ces données bien concrètes ont permis de dégager trois principales conclusions :

  1. À long terme, le taux de mortalité normalisé selon l’âge était plus faible chez les patients qui n’avaient subi qu’un pontage. En revanche, il était plus élevé chez les personnes qui avaient subi un pontage combiné à une reconstruction de plusieurs valves.
  2. Chez les patients qui devaient subir une intervention de revascularisation coronaire, tout particulièrement un pontage ou un pontage combiné à une chirurgie valvulaire mitrale, le taux de mortalité normalisé selon l’âge était plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
  3. Chez les patients qui avaient subi une chirurgie valvulaire mitrale sans pontage, les hommes étaient susceptibles de vivre plus longtemps que les femmes après une réparation de la valvule mitrale. Inversement, les femmes étaient susceptibles de vivre plus longtemps que les hommes après un remplacement de cette même valvule.

[...] notre étude a démontré qu’une plus grande proportion de femmes succombent après un pontage, que celui-ci ait ou non été combiné à une chirurgie valvulaire mitrale. 

- Dre Louise Sun, anesthésiologiste, ICUO

L’analyse de la Dre Sun et de son équipe donne à penser qu’il faudrait suivre de plus près les femmes qui ont des antécédents de crises cardiaques et de diabète, de même que les hommes qui ont des antécédents de broncho-pneumopathie chronique obstructive et de dépression, car le risque de décès après une chirurgie cardiaque serait plus élevé chez ces patients.

« Il faut également mieux apprendre aux médecins comme aux patients à reconnaître tôt les symptômes aigus de la maladie du cœur. »

Selon la Dre Sun, ce conseil vaut surtout pour le diagnostic de la maladie coronarienne chez les femmes, de même que leur aiguillage en temps opportun. La chercheuse souligne que dans les données de l’étude, les femmes ne comptaient que pour 20 % des personnes ayant subi un simple pontage.

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La Dre Sun était de passage à l'émission radio All in a Day sur les ondes de CBC (en anglais).

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« On sait que les symptômes de la maladie coronarienne se manifestent très différemment chez les hommes et chez les femmes. Par rapport aux hommes, les femmes qui doivent subir un pontage sont plus âgées, ont une plus petite surface corporelle et sont plus susceptibles de devoir être opérées d’urgence. Elles ont également un plus lourd fardeau de maladies concomitantes, telles que le diabète, l’hypertension, l’insuffisance cardiaque, la maladie vasculaire cérébrale et l’anémie. »

Il est reconnu que la maladie du cœur est souvent diagnostiquée et traitée plus tardivement chez les femmes que chez les hommes. Par conséquent, signale la Dre Sun, la maladie est plus avancée au moment de l’intervention, ce qui accroît le risque de décès des femmes après une chirurgie cardiaque majeure.

La chercheuse souligne que pour améliorer les soins aux patientes et aux patients, il sera essentiel de se pencher sur l’efficacité des modèles de prédiction des risques actuellement utilisés pour évaluer les personnes devant subir une chirurgie cardiaque.

« Comme la plupart des personnes opérées sont des hommes, les modèles de prédiction sont principalement dérivés de données de patients masculins. À l’ère de la médecine personnalisée, nous devrions être en mesure d’effectuer un calcul sexospécifique des risques. »