Nous sommes en 2062. Dans ce futur, une multitude de boutons répondent à une multitude de besoins grâce à… une multitude de technologies. Une visite chez votre médecin? Facile! Appuyez sur ce bouton, et il apparaîtra à l’écran. C’était la vision portée à l’écran, dès 1962, dans la populaire série américaine animée Les Jetson. Et bien, comme pourraient en témoigner les patients du Programme de télémédecine de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO), dans le système de santé canadien, le futur… c’est maintenant!
L’infirmière de pratique avancée Erika MacPhee, elle, n’a aucun scrupule à établir des parallèles entre cette émission et le monde d’aujourd’hui. Mme MacPhee travaille pour le Programme de télémédecine cardiaque de l’ICUO. Dans le cadre de son travail, elle et ses collègues offrent des services de soutien infirmier à des patients cardiaques de partout au pays, leur économisant ainsi temps et argent.
« Je travaille vraiment avec des technologies qui rappellent George Jetson, plaisante Mme McPhee. Grâce au programme de télémédecine de l’ICUO, nos patients de Thunder Bay n’ont pas à faire quinze heures de route pour une visite chez leur médecin. On peut tout faire ça virtuellement. » Les rendez-vous virtuels sont organisés par les hôpitaux locaux et les centres de santé communautaires. C’est sur un écran que les patients peuvent voir leur spécialiste à distance. Ils demandent alors à leurs patients d’utiliser une variété d’instruments qui leur communiquent l’information dont ils ont besoin.
Les patients atteints d’insuffisance cardiaque peuvent également participer au programme de télémonitorage à domicile. Après avoir reçu leur congé de l’hôpital, les patients qui respectent certains critères d’admissibilité peuvent retourner à leur domicile avec une trousse contenant des appareils faciles à utiliser qui leur permettront de gérer leurs symptômes et de vérifier leurs signes vitaux. Les patients apprennent comment transmettre leurs données à l’Institut de cardiologie, où une infirmière les analyse et fournit des conseils en temps réel.
Les patients trouvent que notre programme est très simple. Grâce à ce programme, les patients peuvent mieux prendre soin d’eux-mêmes, on peut s’assurer qu’ils prennent bien leurs médicaments, leur offrir du soutien et s’assurer que tous les professionnels de la santé ont les données les plus récentes sur l’état de santé des patients. Le télémonitorage à domicile sauve réellement des vies.
- Erika MacPhee, Erika MacPhee, infirmière de pratique avancée
Télémédecine cardiaque
Dans le cadre de ce programme, des appels automatisés sont faits auprès des patients pour les aider à gérer leur maladie après avoir reçu leur congé. Une infirmière de l’ICUO analyse les réponses des patients à une série de questions et tente de repérer s’il y a des manquements dans la façon que les patients se soignent.
« Notre but, c’est d’éviter que les patients n’aient à revenir à l’hôpital, affirme Mme MacPhee. Nous surveillons de près les signes vitaux, intervenons dans la gestion des symptômes, informons les patients sur la façon de se soigner, modifions la posologie des médicaments selon les directives médicales et collaborons avec les médecins de famille pour éviter à tout prix une réadmission à l’hôpital. »
Des données d’une étude de cohorte menée en 2009 à l’ICUO montrent que les taux de réadmission chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque diminuaient de 54 % lorsqu’ils participaient à ce programme. De plus, ce programme serait avantageux financièrement : l’Institut de cardiologie économiserait 20 000 $ pour chaque patient qui n’a pas à revenir aux urgences, à être réadmis ou réhospitalisé.
Le Programme de télémédecine cardiaque a débuté en 1997, seulement 35 ans après la diffusion du premier épisode des Jetson, intitulé Rosey the Robot, aux États-Unis. En 2005, le Service de télémédecine cardiaque a été créé. Dans sa première année, 59 patients furent suivis par un médecin, dans un studio de télémédecine. Aujourd’hui, l’ICUO a deux studios de télémédecine et un programme de téléréadaptation, grâce auxquels les patients ont accès à distance à des cardiologues, des chirurgiens cardiaques, des électrophysiologistes, des anesthésiologistes, des spécialistes de l’hypertension pulmonaire et des programmes de réadaptation cardiaque. Ainsi, l’Institut de cardiologie a vu, au cours de l’exercice 2016-2017, plus de 4 300 patients par l’entremise de son programme de télémédecine. Pendant ce temps, 269 patients ont été suivis grâce à des appareils de monitorage à domicile et plus de 2 700 patients ont été suivis dans le cadre du programme de Réponse vocale interactive (RVI).
L’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa travaille présentement avec ses partenaires pour développer de nouvelles façons de fournir des soins exceptionnels, hors de l’ordinaire, à ses patients. Avec les avancées technologiques et l’utilisation quasiment unanime des téléphones intelligents et des tablettes, l’avenir de la santé (au Canada, du moins) semble passer par le numérique! Hooba Dooba!