Lorsqu’il est question d’obésité, les gènes pèsent-ils dans la balance?
Une nouvelle étude suggère que oui, et, pour la toute première fois, des scientifiques estiment que les gènes provoquant l’inflammation sont en cause.
Dans une étude publiée dans Nature Metabolism, une revue universitaire de premier plan couvrant l’éventail complet de la recherche sur le métabolisme, des scientifiques de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) montrent qu’un taux élevé de protéine pro-inflammatoire naturelle RIPK1 constitue un facteur de risque génétique de l’obésité.
La chercheuse principale de l’étude, Katey Rayner, Ph.D. et directrice du Laboratoire des microARN cardiométaboliques de l’ICUO, mentionne que les scientifiques étudient depuis longtemps le lien entre l’inflammation et l’obésité, mais que cette découverte en soi est une première pour la science du métabolisme.
« Notre travail ici est marquant, car il prouve pour la première fois qu’un facteur inflammatoire prédispose génétiquement à l’obésité. »
- Katey Rayner, Ph. D.
« [Les scientifiques] savent que l’obésité cause de l’inflammation, mais jusqu’à présent, la question se posait toujours à savoir si l’inverse était aussi vrai, soit que l’inflammation cause l’obésité », a expliqué Katey Rayner lors d’un entretien téléphonique. « La protéine RIPK1 est un facteur très important de l’infection et d’autres formes d’inflammation, et nous étudions systématiquement le gène depuis un certain temps pour connaître ses effets sur la santé cardiovasculaire. Notre travail ici est marquant, car il prouve pour la première fois qu’un facteur inflammatoire prédispose génétiquement à l’obésité. »
Plus précisément, les recherches de Mme Rayner (RIPK1 gene variants associate with obesity in humans and can be therapeutically silenced to reduce obesity in mice) ont montré qu’un polymorphisme génétique du gène RIPK1 – une variante que les scientifiques identifient par le code rs5873855 – est associé à l’obésité chez l’être humain. Les chercheurs ont séparé les souris en deux groupes : les souris ayant un nombre élevé de copies du gène RIPK1 et les souris ayant un taux normal du RIPK1. Ils ont découvert que les souris ayant plus de RIPK1 étaient plus susceptibles d’être obèses et de souffrir d’autres complications métaboliques associées que celles de l’autre groupe. Aussi, les souris qui ont reçu un traitement d’oligonucléotides antisens pour inhiber l’expression du gène variant se sont avérées plus sveltes et en meilleure santé globale après la période d’essai.
« Ce que ces données suggèrent, c’est qu’en ciblant thérapeutiquement les RIPK1 pour en inactiver l’expression, nous pouvons réduire efficacement le poids corporel et la masse de graisse, et ce, sans effet sur la masse maigre, précise Mme Rayner. Dans la même veine, les souris du groupe d’essai ont démontré une meilleure tolérance au glucose, une meilleure sensibilité à l’insuline et une inflammation réduite du tissu adipeux. »
Selon la chercheuse, ces découvertes présentent un énorme potentiel pour de futurs essais sur des humains obèses.
« Le type de médicament (la classe et la chimie) utilisé pour inhiber le RIPK1 dans cette étude, soit les oligonucléotides antisens, est cliniquement disponible maintenant, poursuit-elle. Ce n’est donc pas un si grand saut que de l’utiliser chez l’être humain dans de futurs essais, car l’innocuité, la tolérance et l’efficacité de ce type de médicament chez l’être l’humain ont déjà été prouvées. »
Katey Rayner ajoute : « Nous savons avec certitude que le risque que court une personne de subir une crise cardiaque est très lié au fait que ses parents ou ses proches en aient subi une. Nous savons maintenant que c’est la même chose pour l’obésité, mais, comme pour les crises cardiaques, nous savons aussi que l’histoire ne s’arrête pas là. »
« Nous espérons que nos recherches donneront une lueur d’espoir à ceux qui ont du mal à atteindre leurs objectifs de santé et de forme physique, et qu’elles apaisent tout sentiment d’impuissance et d’échec chez les gens qui luttent contre l’obésité. »
Katey Rayner a récemment été invitée à discuter de ses recherches avec l’animateur Alan Neal à l’émission All in a Day, sur les ondes de CBC.
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