Le don d’envergure d’un ancien patient perpétue l’héritage du Dr Thierry Mesana en tant que spécialiste de la chirurgie valvulaire et PDG de l’Institut de cardiologie de l'Université d'Ottawa.
Le Dr Thierry Mesana achève un second mandat à titre de président-directeur général de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO). Ce chirurgien spécialiste des interventions valvulaires et auteur d’un livre sur les soins cardiovasculaires de pointe centrés sur le patient a révolutionné le traitement des maladies cardiovasculaires et sauvé des milliers de vies sur la table d’opération durant sa longue carrière. Il dit se souvenir encore de chaque cas, mais admet avoir été marqué par un patient en particulier : John Bassi.
C’est ainsi que commence l’histoire d’un fonds créé par un patient reconnaissant en l’honneur du chirurgien qui lui a sauvé la vie afin d’ouvrir la voie à la recherche, à l’innovation et à de meilleurs soins cardiaques pour d’innombrables patients.
John Bassi
À 44 ans, John Bassi était un homme prospère, bâtisseur communautaire, époux comblé et père de trois enfants. Il y avait toutefois une ombre au tableau.
Même s’il se considérait en santé et actif pour son âge – suffisamment en forme pour jouer au soccer dans une ligue amicale –, John se sentait épuisé tous les jours.
Il a d’abord cru que son horaire professionnel et social chargé était en cause. Son énergie baissait, ce que même ses proches ont commencé à remarquer.
À l’époque, John était membre du conseil d’administration de la Fondation de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. Un matin, lors d’une réunion, John a parlé de sa fatigue à ses collègues.
« John, à quand remonte ton dernier rendez-vous chez le médecin? », lui ont-ils demandé.
Il ne s’attendait pas à cette question. Convaincu que l’épuisement qu’il ressentait était causé par son mode de vie, il a tout de même pris rendez-vous avec son médecin.
Il ne le savait pas encore, mais ce geste lui a sauvé la vie.
John a reçu un diagnostic de prolapsus de la valve mitrale, un des types les plus courants de maladie valvulaire chez les hommes de son âge. Il avait besoin d’une opération à cœur ouvert pour réparer une valve défectueuse qui causait une fuite de sang entre les deux cavités gauches de son cœur et forçait l’organe à travailler deux fois plus fort.
« Ce fut un coup dur à encaisser pour moi et ma famille, se souvient John. Mon monde venait de changer. Je pensais beaucoup à ce qui se passerait si les choses tournaient mal. »
Non traitée, la maladie continuerait d’évoluer et augmenterait le risque de complications graves : arythmie, insuffisance cardiaque, AVC, hypertension et même, si négligée trop longtemps, la mort.
La prochaine épidémie de maladies cardiaques
Les histoires comme celle de John sont très communes.
En dépit des avancées continuelles en matière de diagnostic, d’évaluation et de traitement, les maladies valvulaires comme celle de John représentent la prochaine épidémie cardiovasculaire, croient les cardiologues.
David Messika-Zeitoun, M.D., est cardiologue et directeur du Centre des maladies valvulaires (CMV) de l’ICUO. Les maladies valvulaires, indique-t-il, sont très répandues et touchent près de 25 % des personnes hospitalisées pour des problèmes cardiovasculaires.
Ces maladies sont sous-diagnostiquées, déjà avancées quand les patients nous sont adressés et insuffisamment traitées, ce qui augmente le risque de complications et de mortalité.
- David Messika-Zeitoun, M.D.
« Ces maladies sont sous-diagnostiquées, déjà avancées quand les patients nous sont adressés et insuffisamment traitées, ce qui augmente le risque de complications et de mortalité, indique le Dr Messika-Zeitoun. C’est d’une grande tristesse, car ce n’est pas comme un cancer. La plupart des maladies valvulaires se traitent. »
Certaines maladies cardiaques se traitent bien à l'aide de médicaments, mais aucun médicament existant ne peut guérir les maladies valvulaires à lui seul, indique-t-il. Sans recherche, le Dr Messika-Zeitoun craint qu’un sous-ensemble croissant de la population finisse par présenter des formes graves de ces maladies et avoir besoin d’interventions.
Vincent Chan, M.D., chirurgien cardiaque à l’ICUO, a opéré des centaines de patients atteints de formes graves de ces maladies. Expert des réparations et remplacements valvulaires ainsi que des traitements à effraction minimale, il croit que la recherche médicale a un rôle crucial à jouer dans les salles d’opération, les laboratoires de cathétérisme et les salles d’examen.
« Nous utilisons un certain nombre de techniques sur lesquelles nous disposons de données limitées, explique le Dr Chan. En plus d’améliorer les techniques chirurgicales et l’issue des interventions, la recherche aide les équipes soignantes à choisir la stratégie idéale pour traiter chaque pathologie. Les chercheurs qui analysent les maladies valvulaires sont une source d’information nuancée qui guide le travail des chirurgiens en salle d’opération et donne une idée des résultats auxquels on peut s’attendre. »
Depuis son inauguration en 2019, le CMV fournit une évaluation de pointe, un deuxième avis et des soins aux personnes atteintes d’une maladie valvulaire. Plus de 20 % des personnes adressées au CMV sont ensuite envoyées au Dr Chan et à son équipe pour une intervention vitale, estime le Dr Messika-Zeitoun. C’est un taux que les cardiologues, chirurgiens cardiaques, infirmières et coordonnateurs de recherche travaillent ensemble à étudier.
À cet effet, les patients du CMV ont la possibilité de participer au registre de recherche du centre, une base de données dans laquelle sont consignées les données sur leur état initial et son évolution. Les chercheurs utilisent les données du registre pour mieux comprendre les mécanismes et l’évolution naturelle des maladies valvulaires. Les patients peuvent aussi participer à la biobanque du CMV en donnant des échantillons de sang qui seront anonymisés et conservés pour de futures recherches.
« Notre objectif premier est d’offrir aux patients atteints d’une maladie valvulaire des soins personnalisés et des interventions réalisées au bon moment, dit le Dr Messika-Zeitoun. De plus, nous travaillons constamment à améliorer le dépistage et la détection de ces maladies, à concevoir et tester des traitements médicamenteux et à simuler des interventions pour perfectionner les soins et obtenir de meilleurs résultats. Tout ça pour que des patients comme John Bassi reçoivent en temps opportun le traitement qui améliorera leur qualité de vie. »
Un des grands
John Bassi a été adressé aux soins du Dr Thierry Mesana, M.D., alors chef de la Division de chirurgie cardiaque, aujourd’hui PDG de l’ICUO.
Le Dr Mesana est un expert en réparation valvulaire renommé mondialement autant pour ses talents de chirurgien que pour son leadership dans le milieu universitaire. Sous sa direction, le programme de chirurgie et de réparation valvulaires de l’ICUO a connu une croissance spectaculaire et figure maintenant parmi les meilleurs du monde. Vu comme « un des grands », le Dr Mesana jouissait déjà à l’époque d’un immense respect dans le milieu. Sa préférence pour la réparation des valves cardiaques plutôt que leur remplacement par des prothèses (artificielles ou biologiques) a contribué à faire de cette approche la référence standard en matière de traitement.
Tout ceci a eu tôt fait de rassurer John, qui cherchait un deuxième avis.
« Quand le médecin a su que le Dr Mesana allait réaliser mon opération, il m’a à toutes fins utiles redonné mon dossier et m’a dit de rentrer chez moi, que j’étais entre d’excellentes mains, dit John en riant. Je n’en revenais pas. Quand on entend ça, on sait que ça va bien aller. »
Quatre mois après son diagnostic, John a subi une opération à cœur ouvert. Le Dr Mesana et son équipe médicale ont réussi à réparer sa valve mitrale. John dit avoir immédiatement senti une différence et retrouvé son énergie presque tout de suite après l’opération. Il est rentré chez lui dans les jours qui ont suivi. Quatre semaines plus tard, il était de retour au travail.
Plus d’une décennie après son opération, John est encore submergé par l’émotion lorsqu’on lui demande de parler de son expérience et de sa relation avec le chirurgien qu’il a affectueusement surnommé « Superman ».
« Je leur donne dix sur dix pour la qualité des soins. Sérieusement, ce que le personnel, les infirmières ont fait... j’ai les larmes aux yeux juste à y penser, dit-il. Le Dr Mesana est un grand dirigeant, mais aussi un homme formidable d’une grande délicatesse avec les patients. Je le vois comme un ami. »
L’héritage d’un grand chirurgien et PDG
Même si John ne siège plus au conseil d’administration de la Fondation, le Dr Mesana et lui ont gardé contact. John et son épouse Maria continuent d’appuyer financièrement l’établissement qui lui a sauvé la vie. Ensemble, le couple encourage ses pairs, ses relations d’affaires et tous ceux qu’il rencontre à donner généreusement.
Avec l’appui des Bassi et de la communauté, la Fondation de l’ICUO a établi un fonds de dotation pour la recherche sur les maladies valvulaires qui portera le nom du Dr Mesana.
Forte d’un montant initial de 4 millions de dollars, la Chaire dotée collaborative Dr Thierry G. Mesana sur les maladies valvulaires est l’une des plus importantes chaires du Canada vouées à un programme de recherche cardiovasculaire, peut-être même la plus importante.
Cette chaire collaborative aura deux cotitulaires, soit un cardiologue et un chirurgien cardiaque. Les Drs David Messika-Zeitoun et Vincent Chan seront les premiers à effectuer un mandat de cinq ans.
« Le Dr Mesana affirme depuis toujours que pour se dire “de classe mondiale”, un centre doit posséder un groupe de haut calibre spécialisé en maladies valvulaires, dit le Dr Messika-Zeitoun. C’était sa vision depuis le début. Nous voulons que l’ICUO soit indissociable des maladies valvulaires au Canada. C’est l’héritage du Thierry Mesana. »
En prenant appui sur les réalisations du Dr Wilbert J. Keon, Thierry Mesana a fait de l’Institut de cardiologie un chef de file mondial de la prestation des soins en équipe.
- Vincent Chan, M.D.
« En prenant appui sur les réalisations du Dr Wilbert J. Keon, Thierry Mesana a fait de l’Institut de cardiologie un chef de file mondial de la prestation des soins en équipe, dit le Dr Chan. C’est un privilège pour moi d’être un des premiers à avoir l’honneur de perpétuer cet important héritage. »
Les Drs Messika-Zeitoun et Chan dirigeront un large éventail de projets de recherche et exerceront un leadership universitaire conformément à la vision et aux objectifs de la Division de chirurgie cardiaque, de la Division de cardiologie et de l’ICUO.
Ce travail viendra appuyer le concept d’« équipes interdisciplinaires » introduit par le Dr Mesana pendant son mandat de PDG, une approche qui assure des soins interdisciplinaires et personnalisés à chaque patient.
« Un fonds de dotation d’une telle ampleur nous donne le cadre parfait pour assurer le financement de recherches vitales sur les maladies valvulaires, dès aujourd’hui et pour l’avenir, a dit le Dr Mesana. Je suis très touché de savoir que ce fonds qui porte mon nom aura un impact positif sur la culture de l’Institut de cardiologie, la population d’Ottawa et tous les patients atteints d’une maladie valvulaire. »
« Je serai toujours reconnaissant envers John et Maria Bassi pour tous leurs efforts. John est un pilier de la communauté d’Ottawa, une ville qu’il adore. Nous sommes sincèrement reconnaissants que des gens comme lui et Maria appuient notre institut. »
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