En octobre dernier, une grue a soigneusement abaissé le premier appareil d’imagerie par résonance magnétique (IRM) dédié de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa dans un point d’accès étroit pour qu’il soit roulé par le mur extérieur du bâtiment jusqu’à son emplacement final. Dès le début de décembre, la nouvelle installation d’IRM a été mise en service pour desservir les 1,2 million de résidents de la région de Champlain.
« Nous avons maintenant en un seul endroit toutes les technologies nécessaires pour visualiser l’appareil cardiovasculaire et continuer à être chef de file en matière de recherche, d’éducation et de soins cliniques », déclare le Dr Alexander Dick , cardiologue, qui dirigera le programme d’IRM de l’Institut de cardiologie conjointement avec la Dre Carole Dennie.
Jusqu’alors, l’Institut de cardiologie partageait l’installation d’IRM de L’Hôpital d’Ottawa. Cependant, avec un si grand nombre de spécialités — y compris la neurologie, l’orthopédie et l’oncologie — réclamant du temps sur l’appareil d’IRM, les listes d’attente étaient longues et ne faisaient que s’allonger, explique le Dr Dick. « Souvent, les problèmes cardiovasculaires ne peuvent pas attendre très longtemps. Ils doivent être imagés rapidement. C’est pourquoi nous devions nous procurer notre propre appareil d’imagerie cardiovasculaire. »
Ce n’est pas tous les patients orientés en imagerie cardiaque qui nécessitent une IRM; en fait, la plupart d’entre eux n’en ont pas besoin, d’expliquer le Dr Dick. Pour simplement visualiser les obstructions des artères coronaires, la tomodensitométrie (TDM) demeure l’examen de choix, alors que l’imagerie nucléaire peut permettre de clairement visualiser le débit sanguin vers le muscle cardiaque.
« Mais pour mesurer la fonction cardiaque, la taille et la forme du cœur, l’IRM cardiaque est la norme de référence actuelle », affirme le cardiologue Dr Girish Dwivedi , Ph. D., qui dirigera le programme de recherche à l’installation d’IRM. Ceci signifie que pour les patients atteints de maladies comme la myocardiopathie ou les malformations cardiaques congénitales, une IRM sera inestimable pour établir un diagnostic précis. L’IRM peut également être utilisée pour résoudre les résultats contradictoires ou non concluants obtenus par d’autres examens d’imagerie.
À la différence de la TDM, qui est une radiographie tridimensionnelle sophistiquée, et à la différence des techniques d’imagerie nucléaire, comme la tomographie par émission de positons (TEP) ou la tomographie par émission monophotonique (TEMP), l’IRM n’utilise pas de radiation . Un patient positionné dans l’appareil d’IRM est brièvement exposé à un champ magnétique. Les divers types de tissus (muscle, os, graisse, etc.) répondent différemment au niveau atomique à cette exposition magnétique. Un détecteur dans l’appareil d’IRM convertit ces réponses en une image qui montre dans les moindres détails les différents types de tissus, ainsi que les changements dans ces tissus.
« Avec la TDM ou l’imagerie nucléaire, on peut voir qu’il y a une anomalie cardiaque, mais on ne peut savoir qu’elle est l’anomalie. L’IRM peut nous dire s’il s’agit d’un dépôt graisseux, d’un caillot, d’un muscle ou d’une tumeur. L’IRM peut fournir beaucoup plus d’informations que les autres techniques d’imagerie, et ce, à une résolution extrêmement élevée, sans radiation et souvent sans agent de contraste », déclare le Dr Dick. Le produit de contraste est un colorant injectable requis pour certains types de TDM et peut occasionner des réactions défavorables chez certains patients.
La clarté et la reproductibilité de l’IRM font également de l’IRM la norme de référence pour les études cliniques cardiaques, explique le Dr Dwivedi. « Parce que l’IRM cardiaque est si précise, nous pouvons réduire le nombre de patients nécessaires pour obtenir une conclusion valable. Par conséquent, l’IRM réduit les coûts à long terme, car nous pouvons recruter moins de participants et obtenir des données plus précises. » « Avoir un appareil d’IRM dédié », ajoute le Dr Dick, « nous permettra de participer à plus de projets de recherche où l’IRM est le principal paramètre d’évaluation de l’étude. »
Parce que l’IRM utilise d’importantes ressources d’imagerie — l’équipe s’attend à pouvoir réaliser environ 10 à 15 tests d’imagerie par jour — le personnel de recherche veut tirer le meilleur parti de chaque scintigraphie. « Les patients admissibles qui doivent subir une IRM cardiaque seront invités à participer à des projets de recherche continus, qui dans certains cas ne nécessitent que d’inscrire les patients dans un registre », déclare le Dr Dwivedi. Un tel registre permettra à l’équipe de recherche d’examiner les corrélations entre les résultats des patients et les anomalies cardiaques décelées à l’IRM. De plus, environ 20 pour cent du temps alloué pour l’appareil d’IRM sera consacré aux chercheurs en laboratoire de l’Institut de cardiologie.
L’appareil d’IRM permettra également d’accroître les efforts éducatifs de l’Institut de cardiologie, explique le Dr Benjamin Chow , directeur du Service d’imagerie cardiaque. « En ce qui a trait à l’imagerie cardiaque, nous nous consacrons beaucoup sur la formation des experts cliniciens de demain. Nous offrons d’excellents programmes en imagerie. Mais le chaînon manquant du point de vue éducatif était la composante d’IRM. Nous avons maintenant une autre avenue de formation, attirant ainsi des personnes qualifiées de partout dans le monde qui viennent travailler avec nous. »
La Fondation de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa a amassé les fonds sur une période de plusieurs années pour acheter cet appareil et construire la nouvelle installation, et l’Institut de cardiologie a obtenu des fonds additionnels du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario pour les coûts d’exploitation permanents.
L’IRM cardiaque demeure un examen coûteux mais peut être rentable lorsqu’elle est utilisée pour minimiser le nombre de tests qu’un patient doit subir. « Nous ne voulons pas effectuer un test, le trouver non concluant et devoir faire un autre test. Ceci est un inconvénient pour les patients, augmente les coûts des soins de santé et peut exposer les patients à des risques additionnels », soutient le Dr Chow.
« Nous sommes enchantés d’avoir cette technologie et que nos patients y auront accès. Notre but ultime est de prodiguer les meilleurs soins, et avoir accès à l’équipement le plus récent nous permet de le faire », dit‑il.