La plupart des Canadiennes connaissent mal les symptômes et facteurs de risque de la maladie du cœur

24 juillet 2014

La bonne nouvelle, toutefois, c’est qu’elles ont le cœur à la bonne place, se voyant comme des « gardiennes des cœurs », celles qui jouent un rôle déterminant dans la santé cardiaque de leurs familles, que ce soit en servant des mets sains, en encourageant l’activité physique ou en bannissant la cigarette de leur foyer. En fait, les deux tiers d’entre elles estiment être les personnes qui détiennent la plus forte influence sur la santé de leurs familles.

La moins bonne nouvelle, c’est que la toute première enquête canadienne sur les connaissances et perceptions des fem mes en matière de santé cardiaque révèle d’importants écarts entre ce que ces dernières croient savoir et ce qu’elles savent vraiment. Leur connaissance des symptômes d’une crise cardiaque et des facteurs de risque qui y mènent n’est pas aussi bonne qu’elles ne le pensent. De plus, elles sous-estiment grandement leur propre niveau de risque.

L’enquête nationale, publiée ce mois-ci dans le Journal canadien de cardiologie , a été réalisée par le Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes (CCSCF), une nouvelle initiative de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa qui sera lancée officiellement en septembre.

Lisa McDonnell, auteure principale de l’étude et gestionnaire de programme au CCSCF, a été surprise de voir à quel point les facteurs de risque de la maladie du cœur étaient méconnus.

« Cette enquête nous a donné de l’information d’une valeur inestimable sur les désirs et les besoins des femmes, dit-elle. Les résultats nous aideront à développer les programmes et services du CCSCF. »

Ces résultats indiquent également que les efforts existants de promotion de la santé cardiaque n’atteignent pas la majorité des Canadiennes.

Quelques conclusions de l’enquête :

  • Les femmes surestiment leur connaissance de la maladie du cœur. En moyenne, les participantes ont obtenu une note de 15 sur 40 aux questions visant à éprouver leurs connaissances en santé cardiaque. Seulement 25 % d’entre elles ont obtenu une note élevée. Quarante et un pour cent ont surestimé leur niveau de connaissance. Par exemple, 80 % de celles ayant obtenu les plus basses notes se croyaient modérément ou bien informées. Les femmes déjà atteintes d’une maladie du cœur n’étaient pas mieux renseignées que les autres.
  • Les femmes ne savent pas comment la crise cardiaque se manifeste chez elles. Seulement 53 % des participantes ont assimilé une sensation ou une douleur à la poitrine à un symptôme, même s’il s’agit là du plus courant chez les femmes. De même, seulement 4 % ont correctement identifié une sensation de chaleur au visage ou des sueurs froides, qui se manifestent pourtant dans 40 % des crises cardiaques chez les femmes. Comme ces symptômes diffèrent de ceux des hommes, mieux connus, ils passent souvent inaperçus, ce qui peut retarder le moment où la femme qui subit une crise cardiaque se décide à demander de l’aide.
  • En général, les femmes savent que le poids, la sédentarité et l’alimentation jouent un rôle dans la maladie du cœur, mais connaissent moins bien les facteurs de risque comme le tabagisme, le diabète, un taux de cholestérol élevé ou l’hypertension. Comme le tabagisme, le diabète et l’hypertension causent jusqu’à 53 % des crises cardiaques, cette méconnaissance des risques liés à l’état de santé (par opposition à ceux liés au mode de vie) est à la fois surprenante et inquiétante.
  • En général, les femmes sous-estiment grandement leur propre risque de souffrir d’une maladie du cœur. Risques liés à l’état de santé : 60 % des femmes dont le risque était élevé en raison de leur état de santé croyaient ce risque faible ou modéré, et 31 % de celles dont le risque était modéré le croyaient faible. Risques liés au mode de vie : 78 % des femmes dont le risque était élevé en raison de leur mode de vie croyaient ce risque faible ou modéré, et 31 % de celles dont le risque était modéré le croyaient faible.
  • Une importante proportion de femmes ayant subi une crise cardiaque ou un accident vasculaire cérébral y ont vu un incident isolé que le traitement avait réglé. Bien que 65 % des participantes savent que la maladie du cœur est une affection chronique qui doit être gérée, 35 % ont présumé que le traitement avait réglé leur problème et qu’elles pouvaient reprendre leur ancien mode de vie.
  • Les femmes préfèrent de beaucoup que l’information sur la santé cardiaque leur soit transmise par leur médecin. Près des deux tiers (62 %) des participantes ont dit préférer recevoir cette information de leur médecin, ce qui vient mettre en relief l’importance du rôle du médecin dans l’éducation des patients.
  • Les femmes croient être les personnes qui détiennent la plus forte influence sur la santé de leurs familles et être en mesure de jouer ce rôle. Les deux tiers des femmes (65 %) se reconnaissent dans ce rôle. Toutefois, étant donné les résultats de l’enquête, elles sont nombreuses à surestimer leur capacité de bien le jouer.

Pour Lisa McDonnell, le fait que les femmes se considèrent comme les « gardiennes des cœurs » de leurs familles confirme l’importance d’un organisme comme le Centre canadien de santé cardiaque pour les femmes.

« Les patients de l’Institut de cardiologie ont généralement un ou deux membres de leur famille à leur chevet, dit-elle. Souvent, ces proches deviennent eux-mêmes des patients à l’intérieur de cinq à dix ans. » En effet, les familles partagent souvent les risques liés aux habitudes de vie. « En aidant les femmes, poursuit Mme McDonnell, nous aurons un impact sur leur santé cardiaque et sur celle de leurs enfants. »

Le CCSCF vise les femmes déjà atteintes d’une maladie du cœur ou présentant un risque cardiovasculaire modéré ou élevé. Le Centre a divisé cette clientèle en sous-groupes pour mieux cibler ses efforts.

« Nous croyons qu’il est important de savoir d’où nous partons, ajoute Robert Reid, Ph. D., directeur adjoint de la Division de prévention et réadaptation , où loge le CCSCF. « L’idée, c’est vraiment de donner plus de contrôle aux femmes sur leur vie. »

Le Centre planifiera, mettra en œuvre et évaluera toute une gamme de programmes avant de les faire connaître partout au pays. Mme McDonnell aimerait qu’il devienne un lieu de convergence des efforts pour la santé cardiaque des femmes, capable d’aider d’autres centres canadiens à offrir les programmes dont les femmes ont besoin.


L’AHA souligne l’importance des diagnostics sexospécifiques

En juin 2014, l’American Heart Association (AHA) a publié une déclaration scientifique (en anglais) soulignant l’amélioration du diagnostic de la coronaropathie chez les femmes grâce à de récentes recherches tenant compte des différences entre les sexes. Auparavant, les médecins utilisaient le modèle masculin de la maladie pour la diagnostiquer chez les femmes. Celles qui ne correspondaient pas au modèle classique n’étaient pas traitées, ce qui augmentait leur risque de crise cardiaque.

La déclaration insiste sur l’importance de comprendre les différences cliniques pertinentes entre les hommes et les femmes et présente des recommandations pour aider les professionnels de la santé à diagnostiquer la maladie du cœur chez les femmes