L’infarctus du myocarde avec élévation du segment ST (STEMI) est l’une des formes de crise cardiaque les plus mortelles et donc une urgence médicale absolue. Le degré d’efficacité d’une reperfusion pour assurer la survie des personnes frappées par ce type de crise cardiaque est une question de minutes. L’intervention coronarienne percutanée (ICP) primaire est aujourd’hui la technique de reperfusion la plus courante pour ces patients.
Depuis 2004, les protocoles et plans de traitement du Programme STEMI régional de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa (ICUO) offrent aux personnes victimes d’un infarctus STEMI dans la ville d’Ottawa un accès rapide à une ICP primaire et donc les plus grandes chances de survie. L’orientation de ces patients se fait à l’initiative d’un service paramédical ou d’un autre hôpital. Les lignes directrices actuelles recommandent de viser un délai de revascularisation (entre le franchissement du seuil et le raccordement au ballonnet) de moins de 90 minutes en cas d’admission du patient à un hôpital prêt à faire une ICP et de moins de 120 minutes en cas de transfert du patient d’un autre établissement vers un tel hôpital.
Le programme fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et il est désormais accessible à l’extérieur de la capitale. L’hôpital communautaire le plus éloigné qui y participe est l’hôpital Renfrew Victoria, situé à 90 km de l’ICUO.
Malgré cela, vu l’étendue du territoire qui relève du RLISS de Champlain, bon nombre de personnes qui ont un infarctus STEMI dans la région ne peuvent guère bénéficier d’une IPC primaire en temps utile. C’est pourquoi, depuis 2008, le Programme STEMI propose aussi un plan de traitement pharmacoinvasif prévoyant une thérapie fibrinolytique, sauf contre-indication. L’hôpital local qui, dans un premier temps, administre la fibrinolyse à quelqu’un, transfère ensuite la personne concernée, sans tarder et par ambulance, vers l’ICUO, où les médecins lui font un cathétérisme cardiaque en moins de 24 h ou même immédiatement, si son état de santé l’exige. Cette solution a été conçue pour les hôpitaux trop éloignés de l’ICUO qui sont incapables de respecter les délais de revascularisation nécessaires à l’exécution d’une ICP primaire. L’hôpital communautaire le plus éloigné qui applique ce plan de traitement est l’hôpital Deep River et District, situé à 188 km de l’ICUO.
Depuis son lancement, le Programme STEMI a réduit de moitié le nombre de décès attribuables à une crise cardiaque de type STEMI dans la région d’Ottawa, accomplissement qui a été rapporté dans la revue The New England Journal of Medicine en 2008. Aujourd’hui encore, le Programme régional STEMI de l’ICUO fait école dans les autres régions du Canada.
Au nom de toute l’équipe du Programme des arrêts cardiaques, Michel Le May , M.D., souhaite remercier les médecins, les infirmières et le personnel de soutien à l’ICUO, à L’Hôpital d’Ottawa et enfin aux urgences et aux services de gestion des urgences du RLISS de Champlain pour leur fidèle participation : sans leur soutien, le programme n’aurait pas pu voir le jour ni connaître un tel succès.