Ottawa, 11 décembre 2024 — Une nouvelle étude comparant les critères de remboursement des différents régimes d’assurance médicaments provinciaux et territoriaux pour deux maladies cardiovasculaires courantes a révélé d’importants problèmes et iniquités sur le plan de l’accès aux médicaments et aux traitements au Canada.
L'article, publié dans le Canadian Journal of Cardiology par les Drs Morgane Laverdure et Derek So de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa, met en lumière la complexité du processus d’évaluation des médicaments au Canada. Les auteurs réclament un cadre unifié pour améliorer la présente infrastructure et assurer les meilleurs soins possibles aux personnes atteintes d’une maladie cardiovasculaire.
Le Canada a souvent été loué pour son système de santé universel et le faible coût des médicaments. Il s’agit pourtant du seul pays doté d’un système de santé universel qui n'offre pas de couverture globale pour les médicaments délivrés sur ordonnance. Seulement un tiers de la population canadienne est admissible au régime d’assurance médicaments de sa province. Les décisions concernant l’évaluation et le remboursement des médicaments sont complexes et varient beaucoup d’un bout à l’autre du pays. Souvent, ces décisions ne sont pas conformes aux lignes directrices établies pour le traitement de certaines maladies cardiovasculaires, ce qui entraîne une incapacité à fournir les traitements recommandés, pourtant basés sur des données probantes.
L’article des Drs Laverdure et So examine les critères de remboursement des médicaments pour deux affections cardiaques courantes : les médicaments pour le traitement de l’insuffisance cardiaque avec fraction d’éjection réduite et le traitement antiplaquettaire pour le traitement du syndrome coronarien aigu. Les auteurs ont comparé les critères de remboursement des listes de médicaments assurés de chaque province/territoire aux recommandations de l’Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS) et aux lignes directrices de traitement de la Société cardiovasculaire du Canada.
« Notre étude démontre que les recommandations de l’ACMTS n’ont été suivies que dans 33 % des cas pour les 24 médicaments examinés, et que près du quart (23 %) des remboursements autorisés n’étaient pas conformes aux lignes directrices canadiennes », explique la cochercheuse principale Morgane Laverdure, résidente en chef à la Division de cardiologie de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa. « Les nouveaux médicaments sont, de manière disproportionnée, ceux qui présentent la plus grande discordance avec les données probantes. Il n’existe aucun processus systématique pour la mise à jour des listes de médicaments assurés en fonction de nouvelles données, de l'évolution des lignes directrices ou des changements dans le coût des médicaments. »
Parmi les conclusions de l’étude...
- Il y a beaucoup de redondance causée par la multiplicité des agences qui participent au processus d’approbation des médicaments d’une province et d’un territoire à l’autre.
- Malgré l’évaluation initiale des technologies de la santé dans toutes les provinces sauf le Québec, des variations substantielles subsistent d’une province à l’autre dans les décisions de remboursement finales.
- Aucune province n’a de protocole en place pour permettre la mise à jour en temps opportun des listes de médicaments assurés pour tenir compte de nouvelles données ou des changements dans le prix des médicaments pour le cœur.
- Le régime de services de santé non assurés du fédéral et le régime d’assurance médicaments du Québec, le seul à ne pas se baser sur les recommandations de l’ACMTS, étaient les deux régimes les plus conformes aux lignes directrices actuelles de la Société cardiovasculaire du Canada et de ses sociétés affiliées.
« Le système actuel est à la source d’importantes iniquités, car les habitants de différentes provinces ne jouissent pas tous du même accès aux médicaments et aux traitements fondés sur des données probantes. Bien que des solutions soient en cours de discussion, les listes de médicaments assurés des provinces demeurent limitées et incohérentes, ce qui pourrait nuire à la santé de nombreux Canadiens et Canadiennes, surtout au sein des groupes vulnérables qui utilisent les régimes publics », explique Derek So, cardiologue et chercheur clinicien à la Division de cardiologie de l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa.
« La fragmentation de l’assurance médicaments au sein d’un même pays n’est pas propre au Canada. En effet, plusieurs autres pays comme la Suède et la Norvège ont aussi un système de santé décentralisé, dans lequel les régions exercent un fort contrôle sur les services. Les conclusions de notre étude, de même que les pistes de solution proposées, pourraient donc s’avérer utiles ailleurs dans le monde », conclut la Dre Laverdure.
Renseignements additionnels
- Lire le communiqué complet publié par Elsevier.
- Lire l’article : Can the Present Canadian Health Care System Provide Evidence-Based Pharmacare? Consideration of Two Important Cardiovascular Clinical Contexts, des Drs Laverdure, So et coll.
- Lire l’éditorial complémentaire : Bureaucratic Dissonance and Inertia: Barriers to the Effective and Equitable Implementation of Cardiovascular Guideline-Directed Medical Therapy in Canada, du Dr Jafna Cox, professeur à l’Université Dalhousie et cardiologue à la Division de cardiologie du Centre des sciences de la santé QEII de Halifax, en Nouvelle-Écosse.
Personne-ressource pour les médias
Leigh B. Morris
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